Etat de l'Arabie, le sultanat d'Oman est le dernier pays en date gagné par le vent de contestation qui souffle vigoureusement sur le monde arabe. Stratégiquement situé, Oman partage avec l'Iran le contrôle du fameux détroit d'Ormuz appelé «la carotide de l'Occident» pour sa situation stratégique, 40% du pétrole du monde transitant via ce détroit. La ville de Sohar, deuxième port du sultanat, a connu des manifestations bloquant le port et une route menant à la capitale Mascate, alors que des petits rassemblements ont eu lieu dans d'autres villes d'Oman. La contestation populaire réclame notamment des emplois et des hausses de salaire. Des échauffourées ont fait au moins un mort depuis samedi dernier dans cette localité industrielle située à 200 km au nord de Mascate. Le centre de Sohar compte 50 000 habitants. Quelque 200 manifestants se sont regroupés sur une route menant à des installations industrielles, proches du port, au milieu d'un important dispositif de sécurité. Les protestataires exigeaient des poursuites judicaires contre des ministres accusés de corruption. Oman est dirigé depuis 40 ans par le sultan Qabous et ce dernier n'est pas frontalement contesté pour l'heure. Dans la capitale Mascate, une manifestation de membres du Conseil consultatif et d'intellectuels réclamait la démission de certains ministres désavoués. A Salalah, quelque 200 personnes ont manifesté devant le bureau du gouverneur de la province méridionale du Dhofar, réclamant une majoration des salaires et des prestations sociales. La région du Dhofar est frontalière du Yémen un pays particulièrement en ébullition. Le territoire est connu comme étant historiquement opposant au sultan Qabous. Le Dhofar fait partie du sultanat d'Oman depuis 1970 et la fin de la guerre du Dhofar. Washington a réagi aux événements à Oman, exhortant le pouvoir «à faire preuve de retenue et à trouver des solutions via le dialogue», pour satisfaire les revendications populaires. Lundi dernier à Sohar, des échauffourées ont éclaté, marquant le troisième jour de forte tension dans cette ville. Les heurts ont entraîné des morts et des blessés, faisant monter la tension d'un cran. «Il semble que les organes de sécurité aient fait un usage excessif de la force», a estimé Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. «Le gouvernement doit garantir la liberté de manifester pacifiquement et que la police respecte les principes internationaux qui régissent l'usage de la force et des armes à feu», note l'ONG des droits de l'Homme. Pour désamorcer une crise qui pourrait dégénérer à la faveur des révoltes arabes, le sultan Qabous a déjà annoncé une série de mesures, afin d'apaiser les tensions dans son pays. Le sultan a notamment ordonné le versement d'allocations mensuelles supplémentaires aux chômeurs, et la création de 50 000 emplois. Oman, sultanat pétrolier, avec une population de près de trois millions de personnes, dont 20% d'étrangers, est considéré comme un pays riche bien que le chômage touche une partie de la jeunesse. Les mesures du sultan auront-elles raison de la grogne sociale qui cacherait mal des revendications plus politiques ? M. B.