Les présidents de clubs dits «professionnels» se sont finalement constitués en un collectif pour défendre leurs intérêts. Ils ont tenu une réunion, mercredi dernier. Après avoir réglé les problèmes statutaires, comme l'élection d'un président en la personne de Mahfoud Kerbadj, ils ont lancé une menace de boycott de la phase retour du championnat professionnel de football des Ligues 1 et 2 si jamais leurs doléances ne sont pas prises en charge. Ces dernières s'articulent autour des aides promises par l'Etat - un crédit de 10 milliards de centimes -, la prise en charge des salaires des entraîneurs des jeunes catégories, une aide au transport et quelques autres actions, non encore concrétisées. Ce à quoi le président de la Ligue nationale de football (LNF), Mohamed Mechrara, a réagi vendredi dernier, dans une intervention à la radio nationale, en affirmant que les «lenteurs administratives» sont le principal facteur qui ralentit le processus de professionnalisation. «La bureaucratie représentée par les lenteurs administratives est la cause principale qui fait que le football peine à amorcer le vrai professionnalisme. Au niveau du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), il existe une réelle volonté de mettre en place la fameuse mesure entre le MJS et les clubs», a-t-il dit, avant d'affirmer : «J'approuve à 99% les revendications des présidents qui défendent avant tout les intérêts de leurs clubs respectifs. Je suis complètement d'accord avec eux.» Il faut rappeler que le football professionnel en est à sa première saison en Algérie. Certains clubs, pour ne pas dire la majorité, n'ont même pas terminé le processus «administratif» de la professionnalisation, étant donné que le capital des SSPA (sociétés sportives par actions) créées n'est pas encore ouvert, et ce, pour différentes raisons. Donc, plus d'une société avait été mise sur pied avec un capital minimum d'un million de dinars (100 millions de centimes). Et là il s'agit de certaines «grosses cylindrées» comme la JSK ou le MCA pour ne citer que ces deux-là. Si, dans certains cas, des présidents de club se sont réellement heurtés à l'hésitation des investisseurs, dans d'autres, en revanche, ce sont les dirigeants eux-mêmes qui bloquent l'ouverture du capital dans l'objectif de garder le «contrôle» sur le club. A partir de là, il serait tout à fait normal que certains responsables de la chose sportive dans le pays soient tentés d'attendre ou de temporiser avant d'entreprendre une quelconque action allant dans le sens de la concrétisation des aides décidées par l'Etat. Mais, nous n'en sommes pas là, apparemment. Il est clair que les lenteurs administratives sont bien réelles. Entre promulguer une loi et la rendre effective sur le terrain, beaucoup de temps peut s'écouler. A titre d'exemple, le décret exécutif fixant les modalités de fonctionnement du compte d'affectation spéciale n° 302-135, intitulé «Fonds de soutien public aux clubs professionnels de football», a été adopté le 28 décembre de l'année dernière. Mais ses modalités de fonctionnement n'ont été publiées au Journal officiel que récemment. «Après publication, ce texte se traduira par les mesures concrètes suivantes : définition précise de la nomenclature des recettes et des dépenses de ce compte, précision des procédures et modalités de suivi et d'évaluation de ce compte, définition des conditions et obligations que doivent remplir les clubs professionnels pour le bénéfice du soutien de l'Etat tel que fixé dans le décret précité», lit-on dans un document du ministère de la Jeunesse et des Sports mis en ligne jeudi dernier. Beaucoup d'autres textes sont en attente d'adoption. «L'aboutissement des textes précités constitue le fondement essentiel pour le déblocage des crédits inhérents à l'achat des bus, à l'ouverture du capital et au financement des études pour la réalisation des centres d'entraînement et de formation des clubs de football. Il convient d'insister sur le fait que les procédures administratives et techniques pour l'élaboration et la finalisation desdits textes ont pris le temps nécessaire, mais leur aboutissement est imminent», indique-t-on encore dans ce même document du MJS dans lequel le ministère fait le point sur ce qui a été fait sur ce plan jusque-là. Pour ce qui est de l'attribution des assiettes de terrain destinées aux centres de formation, les responsables du MJS diront que des «actions ont été diligentées par le MJS en direction des walis pour l'affectation des terrains d'assiette au profit des clubs professionnels en vue de la création de centres d'entraînement», tout en signalant que «dix-sept clubs ont été à ce jour confortés par un arrêté d'affectation» et que «dans la wilaya d'Alger, en particulier, la réponse est négative au motif qu'il n'y a pas de terrain». Sur un autre plan, le ministère informe que ses services ont eu déjà à tenir une réunion avec les banques «aux fins de débloquer le crédit de 100 millions de dinars décidé au profit des clubs professionnels». En tout état de cause, il est clair que les présidents de club sont conscients de ces lenteurs administratives. Mais leur objectif actuellement est de faire pression sur les autorités pour que ceux ayant en charge ce dossier redoublent d'effort afin que les choses avancent plus rapidement. Seulement, il faut dire que ceux-là doivent également faire preuve de volonté à aller de l'avant, notamment en faisant en sorte que l'ouverture du capital des SSPA se fasse dans les meilleurs délais, pour ne citer que cet aspect. Il est tout à fait naturel que le processus de professionnalisation prenne du temps. Aux uns et aux autres de se donner à fond pour que l'opération réussisse. A. A.