De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Comme prévu, la marche de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie d'Oran n'a pas eu lieu en raison de l'interpellation, peu avant l'horaire fixé pour son démarrage de la place du 1er-Novembre, d'une centaine de personnes, dont une dizaine de journalistes exerçant dans différents organes de la presse privée. Elles ont été conduites dans différents commissariats de la ville où elles ont dû répondre aux questions d'usage avant d'être relâchée. «Nous avons été instruits d'interpeller quiconque se trouverait sur la place d'Armes», a tenté d'expliquer un officier de police interrogé sur les raisons de ces arrestations. Ce qui n'a évidemment convaincu personne car seuls des membres de la CNCD, des sympathisants et des journalistes ont été arrêtés. Par ailleurs, sitôt la «place nettoyée», une équipe de la télévision algérienne est arrivée pour filmer la quiétude des citoyens assis sur les bancs publics, sur les terrasses des cafés ou se promenant tranquillement. Dans un communiqué rendu public dans l'après-midi même, les journalistes interpellés ont tenu à dénoncer le fait qu'ils aient été arrêtés et embarqués dans des fourgons de police alors qu'ils se trouvaient sur les lieux dans le cadre de l'exercice de leur métier : «Victimes de graves entraves, les journalistes dénoncent énergiquement cet abus de pouvoir contredisant les prétendus discours d'une liberté de presse en Algérie», peut-on lire dans le communiqué. Les interpellations d'hier remettent sur le tapis la question de la liberté de la presse et les conditions d'exercice des journalistes mais, aussi, et plus généralement, celles liées à l'exercice par les citoyens des libertés consacrées par la Constitution. Ce qui est sûr, en revanche, et ne souffre aucun doute, c'est que les pouvoirs publics ne veulent pas entendre parler de marche à Oran même si le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a lui-même confirmé (encore une fois) qu'à l'exception d'Alger, les manifestations étaient autorisées sur l'ensemble du territoire nationale. S. O. A. Communiqué Une demi-heure avant l'horaire fixé de la marche à laquelle a appelé la CNCD Oran, une centaine de personnes ont été interpellés dont une dizaine de journalistes exerçant dans différents organes de presse privée. Ils ont été «cueillis» l'un après l'autre, ce qui suppose que les services de police étaient instruits de les empêcher coûte que coûte d'exercer leur métier. En effet, ces derniers ont à maintes reprises exhibé leur carte professionnelle et autres ordres de mission, signifiant de vive voix aux agents de police qui procédaient à leur arrestation qu'ils étaient là dans le cadre de l'exercice de leur profession.En dépit de cela, ils furent embarqués dans des fourgons de police et conduits au niveau de plusieurs commissariats de la ville.Par ailleurs, les journalistes arrêtés tiennent à dénoncer, de la manière la plus vive, le fait qu'ils ont été désignés sur place, les policiers ayant fait appel à la «collaboration» d'un journaliste connu par toute la profession pour ses accointances avec les services de renseignement. Les journalistes victimes d'entraves graves dénoncent énergiquement cet abus de pouvoir, contredisant les prétendus discours d'une liberté de la presse en Algérie. Liste des organes des journalistes arrêtés ce jour samedi 5 mars à Oran : Le Soir d'Algérie Liberté Le Quotidien d'Oran El Watan L'Expression La Tribune