La Libye est en train de vivre une véritable situation de guerre. Les combats opposant les insurgés au clan Kadhafi font rage et des batailles acharnées ont eu lieu pour le contrôle des villes du pays. Les insurgés, partant de l'est du pays, se sont lancés à l'attaque de villes sous la bannière des troupes de Mouammar Kadhafi décidément prêt à la guerre civile pour bouleverser les cartes. Contrôlée depuis le 27 février par les manifestants anti-Kadhafi, la ville la plus proche de la capitale prise par l'opposition est l'objet de combats meurtriers. Elle pourrait basculer aux mains des forces du régime qui l'encerclent encore après les violents affrontements. Les combats y auraient fait entre 150 et 200 blessés. Les pro-Kadhafi y ont aussi exécuté plusieurs blessés. Mais après avoir été repoussés par les insurgés quelques heures auparavant, ils reçoivent des renforts. Des chars sont entrés dans la ville tirant sur les habitations. Le colonel fou ne semble pas avoir de scrupules à perpétrer des massacres pour inverser la tendance. Le bilan des tués depuis le début du soulèvement des Libyens contre le régime ne cesse d'augmenter. A Benghazi, fief de l'opposition, le bilan des deux explosions dans un dépôt d'armes est monté à au moins 27 tués. Le Conseil national mis en place par l'opposition libyenne pour renverser Kadhafi et préparer une transition politique a tenu sa première réunion. L'ancien ministre de la Justice, Moustapha Abdeljalil, l'une des premières personnalités importantes du régime à rejoindre l'opposition dans les premiers jours de la révolte, a été nommé président d'un conseil composé de 30 membres. L'insurrection, qui progresse vers l'Ouest depuis plusieurs jours, affirme contrôler désormais Ras Lanouf, un port pétrolier stratégique à une centaine de kilomètres à l'est de Syrte. A Tripoli, des affrontements opposent toujours les forces de Kadhafi aux manifestants scandant des slogans contre le régime dans le quartier de Tajoura. Au 19e jour de révolte, les insurgés cherchaient à avancer le long de la côte après d'âpres combats. Le colonel Mouammar Kadhafi, dans une fuite en avant destructrice, semble vouloir abattre toutes les cartes dont il dispose encore. Il a demandé à l'ONU de lever les sanctions à son encontre pour donner leurs chances à «d'autres solutions». Les forces pro-Kadhafi et anti-Kadhafi se livrent une guerre obstinées de positions mais également une guerre des chiffres et des communiqués. L'opposition semble donc gagner au fil des jours du terrain vers l'Ouest. Mais l'opposition aurait de plus en plus de mal à garder la main sur la ville de Zawiya à soixante kilomètres de Tripoli. D'un autre côté, la situation humanitaire tend à devenir alarmante. A la frontière tunisienne, une course contre la montre est engagée pour éviter une catastrophe, le cap des 100 000 réfugiés ayant fui le chaos a été franchi, selon la Protection civile tunisienne. Des informations font état que des réfugiés étaient bloqués du côté libyen par les forces du colonel Kadhafi, les empêchant de franchir la frontière. Des rescapés racontent encore qu'ils ont esquivé de nombreux barrages avant de gagner la Tunisie. Par ailleurs, toujours selon ces rescapés, des ambulances seraient prises pour cibles. Les organismes humanitaires, en place à la frontière tunisienne, regrettent aussi un manque d'informations sur la situation à l'intérieur du pays. M. B. Déplacés de Libye : ouverture d'un nouveau site d'accueil à Ifri Le dispositif d'accueil des Algériens et des ressortissants étrangers, fuyant la situation de violence en Libye, a été renforcé par l'ouverture, hier, d'un nouveau site d'accueil à Ifri (Djanet), dans la wilaya d'Illizi. Doté de dix tentes de seize lits chacune, ce nouveau site vient s'ajouter à ceux existant déjà au niveau des postes frontaliers de Tinalkoum, Tarat et Debdeb, qui ont été renforcés, pour leur part, de quatre cents tentes et par huit médecins de la Protection civile, a indiqué son directeur général, Mustapha Lahbiri, en marge d'une visite d'inspection, vendredi dernier, du dispositif d'accueil et d'hébergement mis en place à Debdeb et In Amenas. Des facilités d'entrée sur le territoire national sont accordées, par ailleurs, par les responsables en charge de l'opération d'accueil des ressortissants étrangers en matière, notamment d'octroi de visa d'entrée. Le responsable du dispositif d'accueil des ressortissants étrangers, Sahnoun Azzedine, a signalé, à cet égard, la régularisation, à ce jour, des documents de voyage de vingt-trois Egyptiens, neuf Pakistanais, trois Britanniques et de quatre Philippins.