Photo : Sahel Par Salah Benreguia La flambée des prix des matières premières au niveau international, son impact sur le marché local, ainsi que les différentes politiques qui devront être mises en place pour y faire face sont les sujets passés en revue lors d'un séminaire organisé, la semaine dernière, par le ministère du Commerce. Même si, dans la globalité, elle est de portée fondamentalement académique, cette rencontre s'est avérée intéressante pour les différents acteurs intervenant dans la production, la transformation ou la vente des divers produits affectés par l'envolée des prix. Plusieurs experts, opérateurs économiques ainsi que des cadres du ministère du Commerce ont fourni dans leurs exposés, souvent didactiques, les éléments nécessaires pour réguler le marché national et lui épargner les crises qui continuent de secouer les marchés mondiaux.Pour eux, la flambée des prix des produits alimentaires sur le marché mondial peut perdurer encore quelque temps, d'autant que les perspectives des marchés internationaux des denrées alimentaires ne tendent pas vers l'optimisme. Se basant sur les toutes récentes statistiques de la FAO, certains experts indiquent que les prix de la plupart des produits agricoles, à long terme, ne descendront pas en deçà de leur niveau de 2010. Cette volatilité des prix est absorbée par les marchés intérieurs en fonction du degré de transmission des prix. Le principal dommage collatéral de ces flambées des prix se trouve, et ce, à travers le monde, au niveau des ménages. En effet, les mêmes sources soutiennent que la flambée des prix a un effet sur le consommateur qui consacre la grande partie de son revenu à la nourriture avec une option très limitée quant au choix des produits alimentaires.Toutefois, contrairement aux idées reçues, la baisse des prix a un effet sur l'agriculteur qui est touché surtout quand son revenu est tributaire d'une denrée alimentaire. «Une variation brutale entre une augmentation et une chute des prix impose un coût important», soutient le directeur du suivi des accords commerciaux régionaux et de la coopération, M. Djellab Saïd. «Les gouvernements cherchent des solutions pour éviter cette volatilité des prix internationaux ou la limiter afin de protéger leurs populations de ses effets», ajoute ce responsable. Comment ? Les différents gouvernements, à l'instar de l'Algérie, adoptent plusieurs mesures. On peut citer, entre autres, la réduction ou la suspension des droits de douane sur les importations, l'imposition des barrières à l'exportation, la réglementation des prix au détail et le subventionnement des produits de consommation de première nécessité en direction des pauvres. «La plupart de ces mesures ont un caractère temporaire», ajoutera M. Djellab qui notera que la préoccupation de sécurité alimentaire, liée souvent à l'élévation du taux d'autosuffisance pour la production agricole de certaines denrées, constitue la locomotive des mesures durables. Le développement de l'agriculture pour contrer les hausses L'Algérie, à l'instar de la quasi-totalité des pays, ne peut échapper aux fluctuations qui caractérisent les marchés et commerces mondiaux. Même si, au cours de la dernière décennie, un effort considérable a été entrepris pour soutenir le développement du secteur agricole, la crise alimentaire mondiale de 2007-2008 a mis en évidence la vulnérabilité de l'Algérie en matière de couverture des besoins alimentaires de base par la production nationale et le poids financier insupportable des importations en temps de crise mondiale (leur coût est ainsi passé de 3 milliards de dollars en 2003 à plus de 8 milliards de dollars en 2008). Et c'est dans cette optique que les spécialistes en la matière disent que mettre fin, de manière définitive, à cette vulnérabilité est devenu plus que jamais un impératif pour la nation. «Pour supprimer les causes structurelles de cette vulnérabilité, et pour la première fois depuis l'indépendance, la recherche de la souveraineté alimentaire sera désormais considérée comme un objectif stratégique pour la nation», ajoutent-ils. Cela signifie que l'Algérie se donne le droit de définir une politique agricole et alimentaire propre fondée sur plusieurs points. On peut citer celui ayant trait à l'intensification et la diversification des productions, le développement d'une capacité nationale de production d'intrants agricoles pour que les agriculteurs et les éleveurs nationaux puissent disposer en tout temps des semences, des plants, des races et des souches animales dont ils ont besoin pour produire. Il y a aussi la régulation des marchés agricoles et agroalimentaires locaux, y compris par des mécanismes de subvention afin d'assurer à tous un accès réel à une ration alimentaire suffisante et équilibrée. Les spécialistes en la matière soulignent, que pour faire face à ce genre de crise, le gouvernement doit renforcer les moyens d'intervention et de contrôle et adopte «l'approche filière» pour l'examen et la résolution de toutes les questions de développement agricole, tant par l'administration centrale que par l'administration locale du secteur et par les professionnels. «L'initiation des contrats de performance précise les engagements en matière d'objectifs de production de chaque Direction des services agricoles au sein de la wilaya d'implantation. L'objectif est de créer les conditions d'une réelle émulation entre les DSA» ont également recommandé les experts. Les mêmes sources suggèrent aussi la rénovation des relations entre l'administration et l'ensemble des opérateurs du secteur. Ces relations se veulent désormais fondées sur une concertation permanente et institutionnalisée.