Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine La planification de l'extension urbaine prend en considération plusieurs paramètres liés à la fonctionnalité de la ville. Toute projection à travers divers horizons peut avoir des impacts soit positifs, soit négatifs – selon qu'elle ait été bien étudiée ou non – sur le cadre de vie de la population. Les villes algériennes ont vécu ces dernières années des transformations rapides à l'issue de la mise en œuvre d'un développement inscrit dans le cadre de l'application de mesures urgentes. Cette politique d'urgence, qui manque de maturation, a influé en particulier sur l'image des villes, la typologie, la qualité des constructions et a été à l'origine de l'avancée du béton vers les terres agricoles fertiles capables de garantir l'autosuffisance alimentaire.La révision des instruments de planification urbaine a été activée à plusieurs reprises et dans un temps très court, ce qui montre que le secteur de la construction et de l'urbanisme a vu l'anticipation de l'occupation des assiettes foncières pourtant classées pour l'urbanisation future.Les techniciens ont été obligés de procéder à l'adaptation des études à cause du peu de temps accordé à la réalisation d'une nouvelle étude. Gestion des villes : le maillon faible Une réflexion ou une vision capable de s'inscrire dans la durée n'a pas eu sa place durant cette période d'autant que peu de nouvelles villes ont vu le jour alors que les groupements d'habitations sont apparus très rapidement au niveau des périphéries dans l'unique but d'agrandir les villes. Dans certains pays, afin de garder un environnement idéal, les nouvelles constructions ont été interdites dans des villes où l'espace est saturé.Au niveau de la wilaya de Aïn Defla, l'urbanisation a été très rapide au point que les décideurs ont construit sur les terres fertiles pourvu que les programmes affectés par la tutelle soient réalisés. Chaque secteur pense à sa manière en matière de développement, alors que ce dernier exige l'implication de l'ensemble des secteurs à travers des actions bien programmées. La Direction de l'agriculture, durant ces dernières années, n'a pas pu protéger ses terres contre des agressions répétées en dépit des avis défavorables transmis aux services concernés.La réalisation de nombreux logements figure parmi les priorités des autorités. Cependant, personne ne s'est demandé pour quelle tranche de la société on va construire.Les études statistiques, principal outil de la planification, se sont avérées peu fiables d'autant que, souvent, les bénéficiaires ne sont pas originaires des villes qui offrent leurs assiettes foncières pour la réalisation des logements, alors qu'elles sont tenues de résorber le déficit en logements sur leur territoire. Nécessité d'une planification urbaine Aujourd'hui, à Aïn Defla, de nombreux habitants du chef-lieu de wilaya sont originaires des communes situées dans un petit rayon permettant de faire le déplacement quotidiennement, sachant que le système de transport est performant. Selon des spécialistes, le fait d'accorder des logements de différents types (social, participatif et promotionnel) à des personnes habitant à moins de 50 km de leur lieu de travail complique la situation et ne servira nullement à régler le problème du logement.«Il faut que le transport contribue dans les déplacements quotidiens des travailleurs, ce qui réduirait considérablement les demandes en logement», dira un technicien. «Habiter une ville située à plus de 100 km du lieu de travail est possible si le secteur des transports assure un déplacement rapide et confortable», a-t-il ajouté. Selon d'autres spécialistes, le programme de 2 millions de logements risque de ne pas résoudre le problème du logement si de nouvelles dispositions ne viennent pas l'accompagner en matière de distribution.A Aïn Defla, beaucoup de logements sont occupés par des citoyens non originaires de cette ville.Il est vrai que la citoyen a le droit de vivre là où il veut à travers son pays, comme il peut aussi travailler et avoir un logement dans n'importe quelle ville, mais pas aux dépens des habitants locaux. La priorité en matière de planification est de satisfaire les besoins d'une population fixe régulièrement recensée.En l'absence de système de statistiques performant, aucun service ne peut savoir s'il a atteint ses objectifs, disent les spécialistes du domaine. La wilaya de Aïn Defla, qui se développe rapidement, est en train de consommer ses terres les plus fertiles alors qu'elle peut construire sur les terrains en pente à proximité des montagnes dans l'unique but de les préserver.Toute personne qui connaît cette région, particulièrement le chef-lieu de wilaya, pourrait constater que le béton a envahi les terres agricoles et que l'urbanisme ne répond plus aux normes.Selon des citoyens, il faut revoir les modalités d'attribution des logements. En effet, certains salaires, qui sont au-dessus du seuil prévu pour postuler à un logement social, ne permettent pas d'avoir un logement participatif qui exige le versement d'une somme dépassant 50 millions de centimes.En somme, la wilaya de Aïn Defla compte plus de 18 000 logements précaires à éradiquer, alors que les instruments de planification urbaine, en particulier les 13 plans directeurs d'aménagement et d'urbanisme (PDAU) achevés depuis un certain temps, ont permis de dégager une superficie urbanisable de 2 842,79 ha. Les études de révision ont été lancées pour ces PDAU afin de dégager plus de terrains pour la construction.