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Le béton supplante le couvert végétal après la marginalisation des spécialistes
Le conflit des prérogatives influe sur l'aménagement du territoire à Aïn Defla
Publié dans La Tribune le 28 - 10 - 2009


Photo : Zoheir
De notre correspondant à Aïn Defla
Madani Azzeddine
L'être humain a besoin d'un environnement sain capable d'améliorer son cadre de vie quotidien, lequel exige la présence de beaucoup de commodités ayant pour but de faciliter ses démarches à la recherche d'un climat agréable capable de lui permettre de se détendre après une rude journée de travail.
Les spécialistes de l'urbanisme, de l'aménagement urbain et de la géographie urbaine sont conscients qu'une ville est dotée de plusieurs fonctions urbaines, celle de la détente est très importante pour la population au point où de nombreux chercheurs s'intéressent ces dernières années à la géographie de la détente, du tourisme et des loisirs, une nouvelle spécialité encore peu connue dans certains pays.
Elle s'intéresse à l'implantation des espaces de détente à l'intérieur et à l'extérieur des tissus urbains en prenant en compte plusieurs paramètres liés à la mobilité de la population au choix des espèces végétaux, lesquels dépend également de la nature du climat et de la densité des constructions.
Aujourd'hui, l'extension urbaine rapide engendrée par l'accroissement de la population, la réalisation de nouvelles structures d'accompagnement ainsi que par la mise en œuvre de décision politique souvent introduite sans le moindre respect des outils de planification, lesquels sont régulièrement victimes de changement, alors qu'ils peuvent se permettre une révision mais dans des cas très strictes se rapportant beaucoup plus à des incidences dues aux catastrophes naturelles. Si cette révision est autorisée pour ces cas bien précis c'est pour ne pas compromettre une planification qui s'étale sur des dizaines d'années. Ce qui est visible aujourd'hui, c'est les nombreuses modifications qui ciblent ces outils de planification ce qui influe considérablement sur le futur de nombreuses villes du pays et sur leurs espaces qu'ils soient urbain, rural, ou agricole.
Les espaces verts victimes de l'urbanisation et des conflits des prérogatives.
Cette construction rapide d'ensembles urbains ne prend en compte que la quantité aux dépens de la qualité pour des considérations connues, a laissée
apparaître des conséquences très graves sur l'occupation du sol d'autant qu'il est accordé peu d'importance aux espaces verts par ces concepteurs de plans
architecturaux, lesquels demeurent impliqués selon de nombreuses associations de protection de la nature dans la disparition des espaces verts et de détente d'autant que leur pensé ne s'oriente en fait que vers la construction qui est l'élément primordial dans leur formation.
Les élus ignorent les mécanismes de gestion de ces espaces
A partir de ce constat, l'ampleur de l'impact de la violation de la planification urbaine dans la dégradation de ces espaces verts et de détente devient plus visible. En plus des spécialistes de l'aménagement urbain et de la géographie urbaine qui sont marginalisés d'autant qu'on ne trouve aujourd'hui que des architectes et des ingénieurs en génie civil au niveau des services concernés par les villes, il se trouve que les élus ainsi que les autorités dépassent largement leurs prérogatives pour imposer des décisions qu'ils prennent individuellement alors qu'ils ont des formations administratives.
Selon de nombreux spécialistes, Il faut aujourd'hui tirer la sonnette d'alarme sur cette situation et préciser les prérogatives de chaque intervenant sur le tissu urbain qu'il soit du domaine technique, ou administratif. «Des élus et des chefs de daïras ainsi que des walis doivent respecter l'avis des spécialistes du domaine et cesser de se considérer comme des spécialistes dans l'ensemble des domaines», dira un cadre qui se sent marginalisé à cause de l'implication de n'importe qui dans son travail.
D'ailleurs, dernièrement, des dizaines d'ingénieurs de construction ont démissionné des commissions techniques au niveau des communes de la wilaya de Médéa selon un article paru dans un quotidien arabophone. Ces ingénieurs recrutés depuis plus d'une année pour assurer un contrôle rigoureux des différents projets lancés et garantir ainsi une meilleur qualité des travaux continuent de dénoncer les fortes pressions opérées sur eux par des maires, une pressions qui se manifeste sur le suivi des travaux et l'octroi des projets.
Les protestataires qui viennent de soulever un problème épineux, lequel mérite la prise de nouvelles dispositions par les responsables au niveau central, exige une réforme de ces commissions. Selon la même source, pour remédier à cette forme de démission collective, des ingénieurs qui menacent le développement dans cette wilaya, des journées d'information sur les prérogatives des commissions techniques, des maires et des élus ainsi que sur la réglementation et les responsabilités de chacun, ont été organisées par les services concernés. Entre autres, le citoyen assume également une certaine part de responsabilité dans la dégradation et la disparition des espaces verts d'autant que le manque de civisme pousse de nombreux jeunes à détruire la végétation, brisé les arbres et jeter des ordures ménagères dans ces endroits pourtant ils ne sont réalisés que pour eux.
Au niveau de la wilaya de Ain Defla ou ailleurs, la situation est semblable puisque les espaces verts restent les derniers soucis de certains responsables. L'abattage ces derniers temps des arbres du grand boulevard du chef-lieu de la wilaya pour les remplacer en totalité, ce qui a semé la colère de la population, laquelle ne trouve maintenant plus d'ombre pour se protéger.
Ce remplacement des arbres devait être effectué d'une manière graduelle selon de nombreux citoyens qui ont suggéré le remplacement d'un arbre, le temps qu'il pousse et atteint la même hauteur. Mais abattre l'ensemble des arbres et attendre de nombreuses années pour qu'ils grandissent, cela est inimaginable.
Des espaces verts sous les fils électriques de la haute tension
Entre autres, des espaces verts ont été réalisés sous les lignes électriques de la haute tension qui traverse la ville de Ain Defla dans sa partie Sud et ce pour
occuper le couloir de sécurité.
Ces espaces qui drainent aujourd'hui de nombreuses personnes à la recherche de la fraîcheur représentent un réel danger pour eux, sachant que rester sous ces lignes de haute tension cause des maladies graves et c'est pour cela que la construction dans ce périmètre est interdite par la réglementation.
Les citoyens en absence de sensibilisation sur les effets graves de la haute tension continuent aujourd'hui de passer des heures en exposant leur santé à ce grand danger. Alors que les concepteurs de ces espaces verts devaient les réaliser d'une manière à ne pas être accessible à la population. En attendant que les services de la Sonelgaz réagissent pour les informer sur les risques à en courir, les jeunes continuent de subir les effets dangereux de la haute tension au chef-lieu de la wilaya.
Dans cette même wilaya, on observe également la réalisation d'espaces verts sans prendre compte la nature des espaces à planter alors que cette région avec son climat particulier très chaud en été, n'a pas besoin, à titre d'exemple, de palmier qui ne fait pas d'ombre et prend énormément de temps pour grandir. Sa plantation signifie que les décideurs s'impliquent dans les prérogatives des spécialistes. Après une virée dans plusieurs communes de cette wilaya nous avons constater que les espaces verts et de détentes sont mal gérés puisqu'on plante n'importe quoi, et ce, importe peu la réalisation d'une étude technique capable de définir la nature du sol et les espèces pouvant résister au climat. Notons que dans certains espaces vert, on voit ces derniers temps plus de béton que de couvert végétal à cause des opérations d'aménagement lancées, cette transformation dans les pensées nous pousse à nous interroger sur les raisons ayant encouragé à opter pour le béton, alors qu'un espace vert doit contenir plus de couvert végétal comme son nom l'indique d'ailleurs.
La ville de Miliana qui compte un très joli jardin public situé en plein centre ville, et reflétant également l'histoire de cette région, observe des opérations d'entretien, lesquelles arrivent heureusement à lui garder son charme et son rôle de poumon de la ville.
Au niveau du chef-lieu de la wilaya, le centre de loisirs situé dans la sortie Ouest de la ville reste encore abandonné depuis plusieurs années alors qu'il était un lieu de détente et de loisirs pour l'ensemble de la population.
Implanté dans un joli endroit, ce centre comptait deux stades de tennis, une très jolie cafétéria et des espaces agréables pour les différents jeux y compris les jeux de cartes. La population attend que la municipalité réagisse pour le remettre en activité sous la forme qui lui convient et permettre aux citoyens de s'évader au moins pour quelques heures du vacarme de la ville.
Un peu plus loin vers l'Est de la ville se dresse le centre équestre, un autre lieu de détente et de loisirs disposant que de quelques commodités, cet endroit qui continue d'attirer les familles de cette ville à la recherche de détente, a également besoin d'une bonne opération d'aménagement et de plus de commodités afin de mettre en relief son charme.
Entre autres, l'implication des associations de quartiers dans la création et la préservation des espaces verts et de détentes demeure absente du fait qu'on distingue que peu d'espaces bien entretenus à l'intérieur des quartiers.
Et c'est à cause de tout cela que le citoyen ne peut rien faire seul pour préserver ces espaces verts et lieux de détentes, lesquels exigent une politique nationale bien précis traçant la liste des interventions et définissant de nouvelles lois de protection du couvert vert et de ces lieux très importants pour la survie de l'être humain.


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