De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Depuis le déclenchement des révoltes dans les pays arabes et d'Afrique du Nord, qui ont conduit à la chute des régimes de Tunisie et d'Egypte et à une guerre civile en Libye, les Algériens ont senti que le pouvoir de leur pays est sur la défensive, prêt à faire des concessions et à accepter tout et n'importe quoi pour éviter que les contestations se généralisent. Ce qui a conduit différentes franges de la population à profiter de cette situation pour exprimer des revendications parfois de façon violente. En dehors de ceux qui initient des actions de protestation pour des objectifs inavoués ou ceux chargés de missions par des instigateurs aux desseins pas toujours clairs, de nombreux citoyens croient dur comme fer que la situation est propice pour arracher des acquis, particulièrement sociaux, aux pouvoirs publics en initiant des actions de protestation, violentes dans de nombreux cas, pour exprimer des doléances, se permettant même d'exiger le déplacement de responsables de l'Etat sur les lieux de la protestation.C'est le cas particulièrement dans la wilaya de Tizi Ouzou où les actions de protestation violentes se multiplient avec notamment la fermeture de routes et même des «prises d'otages» de responsables locaux. Il ne se passe pas un jour sans que l'on assiste à la fermeture de routes dans différents quartiers et villages de la ville des Genêts, ainsi que dans les localités de la wilaya. Et les motifs sont tellement nombreux que l'on ne sait plus qui revendique quoi dans ce tumulte de doléances, a priori toutes aussi légitimes les unes que les autres. Des doléances sur lesquelles sont venues se greffer les nombreuses promesses non tenues par l'administration. Des questions liées à l'aménagement, comme la réfection des routes et des pistes, à celles relatives aux problèmes de première nécessité comme l'alimentation en eau potable et en électricité et gaz, en passant par l'explosif enlisement dans lequel les pouvoirs publics se sont jetés avec le programme présidentiel des cent locaux par commune et les problèmes habituels de logement et de chômage, les responsables de l'Etat ont fort à faire ces dernières semaines devant cette déferlante d'actions, au point que certains protestataires se permettent même de s'introduire à l'intérieur de l'enceinte du siège de la wilaya.Tous ont choisi cette période d'incertitude pour mettre ou remettre sur le tapis les problèmes rencontrés. Même les gardes communaux se sont mis de la partie, profitant de la situation au même titre que les expropriés du barrage de Souk Tleta, abandonnés à leur sort depuis… une trentaine d'années. «Si nous ne réglons pas nos problèmes ces temps-ci, ce sera reporté pour une autre génération», semblent dire les habitants des différents quartiers et villages. Il faut dire que les revendications des populations restent tout à fait légitimes et les pouvoirs publics se trouvent être coupables d'avoir laissé s'accumuler les problèmes et les promesses non tenues. Mais dans cette situation, le citoyen lambda ne sait plus à quel saint se vouer tant les choses ne sont pas toujours claires, particulièrement quand ce sont des adolescents, et parfois même des enfants, qui s'insurgent pour exprimer des revendications censées être l'apanage des adultes. Le risque de manipulation étant une possibilité non négligeable dans une wilaya qui en a vécu des tonnes, particulièrement depuis 2001. Les habitants s'interrogent sur le dessous éventuel de certaines actions qui ne rendent service ni aux habitants des quartiers concernés ni aux auteurs de ces mêmes actions, contrairement aux instigateurs de l'ombre qui pourraient engranger des dividendes insoupçonnables. D'ailleurs, lors de certaines actions de fermeture de routes, des dérapages suite notamment à des altercations avec des citoyens de passage et qui seront suivis même de bagarres violentes. Le risque de dérapage existe aussi avec l'occupation des bureaux de responsables locaux, comme cela s'est passé heureusement sans heurts à la mairie de Draa Ben Khedda, où une douzaine de commerçants ont occupé le bureau du maire toute la journée.