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«L'ouverture commerciale est indissociable d'un programme global de modernisation de l'économie» Chlegham Mohamed Kamel, consultant au Centre des études pour la population et le développement :
Loin d'être un sujet clos, l'ouverture commerciale en Algérie semble devenir la question de l'heure. Elle l'est compte tenu des visées et des enjeux lointains ainsi que les changements et la conjoncture mondiale actuelle de plus en plus menaçante. Après l'accord d'association paraphé avec l'Union européenne et les grands pas enregistrés dans les négociations entamées par l'Algérie pour adhérer à l'OMC, quel est le tableau à dépeindre ? Dans une réflexion consacrée à cette thématique, M. Chlegham Mohamed Kamel, consultant au Centre des études pour la population et le développement (CENEAP), a dressé un tableau où il fait état d'une situation mitigée. «Le processus de libéralisation du commerce extérieur s'est caractérisé par une gestion contrastée, marquée par des avancées importantes et des reculs conjoncturels. Dans la pratique, les autorités ont été confrontées à un problème de régulation des échanges et de protection de la production nationale compte tenu de l'absence d'ancrage de l'ouverture commerciale dans des stratégies industrielles ou sectorielles cohérentes et durables», analyse-t-il. Pour rappel, l'Algérie a introduit sa demande d'accession à l'OMC en 1995, «mais c'est en 2002 que le processus a été accéléré, notamment par le dépôt des premières offres relatives à l'accès aux marchés des marchandises et des services», précise M. Chlegham dans sa contribution. Et depuis l'introduction de cette demande, un large programme de transformation législative et réglementaire a été opéré en l'Algérie. Il s'agit, entre autres, des aspects des droits de propriété intellectuelle qui touche au commerce, des mesures sanitaires et phytosanitaires, des défenses commerciales (anti-dumping, anti-subventionnement et mesures de sauvegarde), de l'évaluation en douane, des mesures de lutte contre la contrefaçon, du piratage et des redevances douanières. Le spécialiste indiquera sur ce point que l'Algérie a également répondu à plus d'un millier de questions touchant à des domaines divers tels que la réglementation technique et commerciale, la fiscalité, le système des prix (notamment dans le secteur des hydrocarbures), la privatisation des entreprises publiques, l'organisation du système judiciaire et les droits de propriété intellectuelle. Aux yeux de ce consultant, «bien que l'essentiel ait été réalisé pour le programme de mise en conformité, des négociations multilatérales se poursuivent sur certains thèmes non encore épuisés, à l'instar de la problématique du double prix du gaz, des mesures de soutien aux exportations de produits agricoles, du commerce d'Etat, du régime des licences d'importation». Evoquant les effets de cette ouverture commerciale, décidée il y a plusieurs années par les pouvoirs publics, le spécialiste dira qu'«au cours de la première phase de mise en œuvre, les effets de l'ouverture commerciale sur l'économie nationale se sont confondus avec ceux de l'ajustement structurel, notamment la fermeture d'entreprises publiques, les menaces sur les entreprises privées et l'augmentation du chômage, pour les aspects négatifs. Meilleur approvisionnement du marché, suppression des files d'attente, diversification des produits sur le marché et réduction des délais d'approvisionnements pour les aspects positifs». Cependant, le spécialiste relève que «les aspects négatifs du processus d'ouverture commerciale ont été voilés par l'augmentation des recettes pétrolières et l'important programme d'investissements publics qui ont assoupli la contrainte financière extérieure et permis le maintien d'une croissance moyenne au cours des dernières années». Dans la foulée, M. Chlegham remarque que «l'ouverture commerciale est indissociable d'un programme global de modernisation de l'économie qui touche non seulement à la poursuite et à l'approfondissement des réformes déjà engagées mais qui s'étend également à la qualité de la gouvernance économique et commerciale». En clair, le consultant préconise -afin d'atteindre les objectifs de cette ouverture- d'accélérer les programmes de mise à niveau dans les domaines industriel et agricole, d'améliorer le cadre des investissements et le climat des affaires, de développer de nouveaux mécanismes de protection de la production nationale fondés sur la normalisation et les exigences de qualité et de sécurité des produits, d'élargir les mesures de soutien au développement des exportations hors hydrocarbures en procédant à leur extension à de nouveaux domaines compatibles avec les accords de l'OMC. Il fera état aussi de la nécessité de «veiller à protéger les avantages comparatifs de l'industrie algérienne, notamment s'agissant du prix interne du gaz et de poursuivre avec prudence le processus de libéralisation du secteur des services». Cette ouverture, selon le spécialiste, devra également s'appuyer sur l'amélioration substantielle de la qualité de la gouvernance commerciale.