De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Le patrimoine immatériel demeurera durant toute l'année 2011 un point du dialogue interculturel au profit des participants et du public, surtout avec la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» dont l'ouverture officielle sera donnée le 16 avril prochain. Cet engouement s'inscrit dans la continuité d'un mouvement profond. Et même si la mesure de son impact reste encore à démontrer, sa reconnaissance officielle marque la prise de conscience de nouveaux enjeux.La responsable du département «Patrimoine immatériel et chorégraphie», Mme Zahia Benchikh Hocine, qui a animé, hier au CIP de Tlemcen, une conférence de presse, a tracé les grandes lignes du programme pour 2011. La conférencière expliquera que le patrimoine immatériel constitue un ensemble vivant et en perpétuelle recréation de pratiques, de savoirs et de représentations, qui permet aux individus et aux communautés, à tous les échelons de la société, d'exprimer des manières de concevoir le monde à travers des systèmes de valeurs et des repères éthiques. Mme Benchikh ajoutera que ce patrimoine immatériel comprend également les traditions orales, les coutumes, les langues, la musique, la danse, les rituels, les festivités, etc.La responsable indiquera que, dans le cadre de la manifestation, son département vise à valoriser et à préserver un patrimoine culturel pour le rendre accessible au public. Le programme élaboré dans cette perspective se propose, grâce à la contribution d'érudits, de détenteurs de fonds documentaires anciens et de maîtres témoins de la musique andalouse, le recensement et l'enregistrement de pans entiers de la musique algérienne, la collecte et l'édition de la poésie ancienne, des contes populaires ainsi que des danses traditionnelles. «A cette occasion, des coffrets de CD de musique andalouse seront produits. Le département rend hommage à des personnages incontournables de la musique andalouse. Onze hommages pour des moments de mémoire et un arrêt sur image sur leur parcours, des soirées concerts, des expositions et des tables rondes pour célébrer le talent de cheikh Larbi Bensari, Redouane Bensari, Sid Ahmed Serri, El Ghaffour, Kaddour Dersouni, cheikh Tahar Fergani, Mostefa et Kheireddine Aboura, Ghaouti et Mohammed Bouali, Abdelkrim Dali, Abderrahmane Sekkal Mustapha Brixi et Omar Bekhchi, cheikha Tetma et cheikh Lazaar Dali Yahia, cheikh Sadeq Bedjaoui», dira Mme Bencheikh. «Ces hommages se suivront à intervalles réguliers, un rendez-vous hebdomadaire pour replonger le public dans l'histoire et la musique de chaque personnage. En plus des expositions pour chaque personnage (collections de livres manuscrits, de photos, réserve sonore, etc.)», ajoutera-t-elle. Par ailleurs, un autre coffret de musique pour rendre hommage aux grands poètes de Tlemcen (El Mandassi, Bentriki, Ben Messaieb, Bensahla et autres) interprétés par les grands chanteurs algériens sera édité ainsi qu'un ouvrage rassemblant leur poésie. D'autres CD de jeunes artistes seront également édités durant cette période.Il est aussi prévu à partir de septembre prochain l'édition d'un coffret de six livres, en arabe et en français, de contes et légendes de Tlemcen. Ce coffret comprend trois titres, à savoir Tlemcen dans les récits des voyageurs, Tlemcen dans les contes et légendes et la Vie mystique à Tlemcen. Des chercheurs universitaires tels que Omar Dib, Zoulikha Mrad, Malika Griffou et d'autres d'Oran et d'Alger ont collaboré à la confection de ces opuscules.«Pour le programme panorama du film documentaire intitulé ‘‘Empreintes, culture, chants et pas de danses'', il s'articule autour de thèmes liés au patrimoine culturel immatériel et a pour axes la poésie, les répertoires musicaux et les danses comme expressions artistiques intimement liés à la vie culturelle de nos régions. Il se divise en deux parties. La première est consacrée à Tlemcen et compte quatre documentaires : la musique andalouse, le hawzi, le hawfi, la lutherie. La seconde série se compose de six documentaires : la région de la Saoura, entre le Touat et le Gourara, la culture targuie entre le Hoggar et le Tassili, le Haut Sud-Est (M'zab, Ouargla, Oued Souf), la Kabylie, les Hauts Plateaux», dira la responsable du département «Patrimoine immatériel et chorégraphie».Lors de l'entretien qu'elle nous a accordé, Mme Benchikh explique que «la notion de patrimoine ne cesse de s'élargir, connaissant une extension quasi illimitée. Il devient donc nécessaire de redéfinir celle-ci, dira-t-elle. Il est désormais important de souligner que le patrimoine immatériel occupe de plus en plus une place de choix dans la planification de l'Unesco, en général, qui a pour but de sensibiliser les nations à protéger leur diversité culturelle et de les aider à élaborer des projets de sauvegarde et de préservation de cette catégorie du patrimoine. Pour cette manifestation, l'objectif vise à préserver davantage les traditions et expressions orales, les arts du spectacle, les savoir-faire liés à l'artisanat traditionnel. II est aujourd'hui nécessaire que notre territoire se positionne rapidement et de façon transversale et intègre le patrimoine au cœur de notions comme le développement durable, si complexes que soient les imbrications de ce concept. Car il est maintenant évident et accepté que le patrimoine est un élément constitutif de notre environnement et une clé de notre développement économique autour d'une identité», dira Mme Benchikh.