Photo : Riad Par Noureddine Khelassi Tous les chemins de la réforme mènent à la démocratie même à pas comptés et mesurés. En ce 19 mars 2011, jour de la célébration du cessez-le feu qui a mis fin à 132 ans de colonisation française, les Algériens en ont reçu les augures de Mostaganem, ville où un certain Charles de Gaulle avait annoncé le 6 juin 1958 les réformes institutionnelles qui allaient dessiner la Ve République française. Fidèle à sa philosophie d'avancée progressive sur la voie du changement, le président Abdelaziz Bouteflika a, en effet, annoncé de prochaines réformes politiques sans en préciser les contours. Dans un discours lu à sa place par un de ses représentants, le chef de l'Etat a indiqué qu'il sera alors question d'une «nouvelle page sur la voie des réformes globales […] qui ne sauront être fructueuses en l'absence de réformes politiques». Il y aura donc, c'est assuré, des réformes politiques inscrites dans une démarche de réformes globales affectant l'ensemble de la vie politique, économique, sociale et culturelle du pays. Les choses commencent donc à se préciser. Et on a désormais la certitude que le président de la République veut adopter une démarche de réforme globale, graduelle, ordonnée et dosée. Ainsi, et contrairement à la forte impression née des premières réponses financières massives à une demande sociale urgente et forte, le chef de l'Etat n'a finalement pas écarté l'approche politique de la demande de bien-être social et de vie démocratique. On sait désormais que la réponse est double et qu'elle «marche» sur ses deux jambes sociale et politique. On est ainsi dans la dialectique qui veut que les réformes dans le pays seraient forcément infructueuses en l'absence de réformes politiques. Tant mieux et il faut bien s'en féliciter.Depuis quelques jours, les salons et les rédactions algérois bruissaient de rumeurs persistantes au sujet de réformes politiques que le président de la République envisage de lancer. L'annonce d'un premier train de réformes serait faite, selon certaines indiscrétions, le 5 juillet prochain, date anniversaire de l'indépendance algérienne. On est tenté d'accorder quelque crédit à ce choix de date tant le chef de l'Etat est connu pour l'importance qu'il accorde aux symboles, surtout quand ils sont lourds de sens historique. Déjà, des leaders islamistes bien en cour et savamment chapitrés sur la question avaient distillé quelques détails dans les colonnes de certains journaux. D'autres titres de la presse avaient évoqué à ce sujet des réunions à la présidence de la République, à l'Assemblée populaire nationale et entre les trois partenaires de l'Alliance présidentielle, base d'appui partisane et caisse de résonance politique du «Programme du président de la République». Il serait question, à en croire les uns et les autres, d'une importante révision constitutionnelle impliquant notamment la création d'un poste de vice-président, de la limitation du mandat présidentiel à deux exercices et de la définition du régime algérien dont la nature actuelle est difficile à cerner. Dans l'architecture constitutionnelle projetée, le rôle du Parlement serait élargi ainsi que celui du Premier ministre. Il serait également question d'un renforcement de l'indépendance de la justice et des libertés d'expression et d'association. Sa volonté de lancer des réformes politiques, le président Abdelaziz Bouteflika en aurait fait part à quelques interlocuteurs occidentaux, dont des personnalités américaines et françaises reçues au palais d'El Mouradia. Le chef de l'Etat, qui se veut à la fois homme serein refusant de faire les choses dans la précipitation et sous la pression des événements nationaux et régionaux, compte maîtriser le calendrier et le contenu des réformes. A l'ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, homme de liaison et de conciliation dans le dossier des relations algéro-françaises, le chef de l'Etat aurait fait part de sa volonté profonde d'accomplir des changements significatifs en mettant à profit le temps qui reste de son troisième mandat. Un mandat qu'il voudrait inscrire dans le cours de l'histoire démocratique de son pays.