De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Depuis le début du mois du Ramadhan, de tous les fruits proposés aux consommateurs, au niveau des marchés, dans quelques magasins, sur les étals dressés sur la voie publique ou sur les bords des routes, seuls le raisin et la figue affichaient des prix abordables, 100 dinars le kilo. Depuis le mois de juillet, la vente de la figue a prospéré dans la wilaya de Bouira. Partout, on peut voir des vendeurs ; des jeunes adolescents et des adultes proposent à la vente sur la voie publique des caisses, des corbeilles ou des fûts de diverses matières, contenant de la figue fraîche qu'ils ont cueillies tôt dans la matinée dans les champs. Interrogé sur le prix, l'un des vendeurs nous a indiqué que la figue est un fruit fragile, cueillie en petites quantités et difficile à transporter. Ces vendeurs, dont la majorité ont choisi ce créneau dans le seul but de subvenir aux besoins de leurs familles, viennent, chaque jour des localités rurales de Haizer, Taghzout, Aït Laaziz, M'chedallah, Aomar, El Esnam et Lakhdaria, ainsi que des communes de la daïra d'Aïn Bessem, pour commercialiser ce produit qui est en train de reconquérir sa place dans les habitudes de consommation des ménages. En pleine saison, la figue qui porte divers noms selon la région (lakhrif, a'bekhsis) est le fruit agricole typiquement rural et le travail dans une figueraie est proche du travail dans une oliveraie, sur le plan de la difficulté ainsi que des moyens nécessaires pour la fructification de l'arbre. Les vieux agriculteurs qui ont hérité puis su protéger cette activité jalousement, affirment que «faire fructifier un figuier est un travail de longue haleine». Surtout que, dans les régions rurales ils n'ont bénéficié encore d'aucun concours de la part des pouvoirs publics pour développer ce créneau agricole. Les anciens qui se remémorent «le temps où la terre était travaillée dans chaque village et où, ce fruit du terroir était garanti pour tout le monde, y compris ceux qui n'avaient pas de figuiers et les visiteurs» déplorent l'état actuel des champs où etaient cultivées par le passé plusieurs sortes de fruits et légumes. De ce fait, bien que la culture de la figue ne bénéficie pas d'un grand intérêt économique de la part des autorités du secteur, ce fruit de terroir continue de garnir les tables des consommateurs. Au cours des dernières années, même s'il n'y a pas de statistiques établies par les services de l'agriculture, nous avons remarqué que la production de la figue s'est développée à travers les différentes localités de la wilaya. Aujourd'hui, alors que les spécialistes parlent de 700 variétés de figues à travers le monde, dans la région de Bouira on trouve sur le marché une dizaine de variétés importantes ; la blanche, dont la peau est vert pâle et dont la pulpe est rouge et bien sucrée. Elle est très savoureuse mais assez rare car sa fragilité ne permet pas son transport. Son prix est également élevé par rapport aux autres variétés car, dans certaines régions, elle est séchée et conservée durant une année pour être vendue comme figue sèche. La deuxième variante est la violette, dite ajenjar. Se présentant sous différentes formes, elle est la plus répandue sur les étals. Elle a une peau violacée épaisse et une pulpe dont la couleur tire vers le grenat. Cette figue est très vendue car sa peau est rigide et permet son transport d'une région à une autre.