Photo : Riad Par Mekioussa Chekir Le vent de la contestation semble n'épargner aucun secteur d'activité. Celui de la communication est à nouveau concerné avec la menace d'un sit-in, brandie hier par les travailleurs du quotidien francophone El Moudjahid en vue d'amener la direction du journal à se pencher sur leurs revendications socioprofessionnelles. La plus importante, de l'avis de tous, étant celle liée à leur reclassement, ce qui ne fut pas fait depuis vingt ans. «Nous n'avons pas de plan de carrière et nous subissons les conséquences d'une désorganisation et d'un laisser-aller qui nous pénalisent. A cela s'ajoute le traitement de deux poids, deux mesures à l'égard de certains d'entre nous et qui souffrent carrément de marginalisation», dénonce l'un des journalistes. Et à une autre, parmi les plus anciennes de la rédaction de ce quotidien public, d'intervenir pour déplorer le fait que même les bénéfices de fin d'année, qui profitaient à parts égales à tous les travailleurs, sont distribués depuis quelques années de façon inégale entre eux. «Pourtant, les responsables ont leurs propres avantages, alors ils n'ont pas le droit de faire cela. Au début, on percevait tous l'équivalent de 10% de ces bénéfices, et ce, en plus de l'écart entre les journalistes s'agissant du droit social.» En raison de ces considérations, le collectif des travailleurs avait décidé hier d'organiser un sit-in à 11 h devant le siège de leur entreprise, mais l'arrivée, dès la première heure de la journée, du directeur général, Abdelhamadjid Cherbal, a mis fin à cette action. Les négociations entamées ont abouti à l'engagement de ce dernier à prendre en charge dans «l'immédiat», comme affirmé par ses soins, de la principale revendication qui consiste en le reclassement des travailleurs. «Il s'agit plus d'une incompréhension et, paradoxalement, d'un manque de communication ; il y a eu, certes, des petites négligences pour des considérations de timing et des retards qui se sont répercutés sur l'examen des promotions de certains éléments. Les travailleurs sont dans leur droit le plus fondamental. Et même si je veux me comporter en tyran, la loi m'oblige à satisfaire leurs revendications», nous dira-t-il. Quant à l'accusation inhérente au traitement de faveur qui profiterait à certains, il répondra en ces termes : «Dieu m'est témoin, je suis un enfant de la rédaction, mon vœu est de préparer la relève et de savoir que mes collègues termineront leur vie correctement. Cela me fait mal au cœur de voir certains d'entre eux dans la misère !» Après l'engagement et les assurances de ce dernier, les employés ont repris leur travail tout en ne baissant pas la garde : «Nous sommes vigilants et attendons de voir ce que la direction fera concrètement, sinon nous reprendrons notre action», fera savoir une consœur de ce journal.