Photo : Riad Par Samir Azzoug La Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) déclare la grève des cheminots amorcée hier sur le réseau national «illicite». «Nous avons eu à constater un arrêt de travail [dans plusieurs gares] à partir de 5h du matin. Le mouvement [de grève] est illicite car il ne respecte pas la procédure légale», annonçait hier le directeur des ressources humaines de la SNTF, M. Noureddine Dekhli, lors d'une conférence de presse organisée au siège de la direction. En ce qui concerne l'ampleur du débrayage, le responsable tente de relativiser l'importance de la mobilisation en annonçant un taux de suivi en deçà de 40%. «Nous n'avons pas encore la totalité des statistiques. A 13h aujourd'hui [hier], nous avons enregistré moins de 40% du personnel (la SNTF compte 10 000 employés) en grève. A Oran, on travaille normalement. A Annaba où le mouvement se durcit, on a constaté un taux de 60%. Ce taux est de 40% à Constantine et de 50% à Alger», énumère M. Dekhli. Au niveau de la capitale, le chiffre étant contesté par l'assistance, le DRH donne plus de détails. «20% des trains de banlieue ont circulé. Les trois quarts des trains régionaux également. Quant aux grandes lignes, 50% du trafic prévu pour l'Est à partir d'Alger et 33% pour l'Ouest a été assuré», soutient-il. Récusant les arguments des journalistes affirmant que le taux de suivi est plus important, M. Dekhli assure que «nous faisons malgré tout circuler nos trains par l'implication du personnel d'encadrement et des travailleurs non grévistes». Au sujet des instigateurs de mouvement de protestation, le «porte-parole» de la SNTF déclare : «Il me semble que la grève n'est pas menée par le partenaire social.» Cette déclaration conforte la thèse d'un mouvement spontané né d'une frustration induite par le refus de la revalorisation des salaires décidée suite aux négociations et conventions de branches. «La revendication [des grévistes], même si elle n'est pas affichée, est d'ordre salariale», déclare M. Dekhli. La réponse de la SNTF est sans équivoque : la société n'a pas d'argent. Au moins, c'est net et catégorique. «La SNTF fait des efforts considérables et s'est engagée dans d'importants programmes de développement, de prise en charge des revendications, d'amélioration des transports et des moyens de production. Nous n'avons pas les moyens financiers pour une augmentation salariale en aussi peu de temps», explique-t-il. Avant de rappeler que la SNTF a négocié avec le partenaire social une nouvelle grille de salaires et un nouveau système de gestion des ressources humaines en mars 2008 applicable dès septembre 2009. Le protocole signé en juillet 2009 prévoyait une nouvelle grille indiciaire avec une augmentation globale des salaires de 16% dès septembre 2009 et de 4% à partir de novembre 2010. «Globalement, c'est une augmentation des salaires de base de 20%. Les 16% déjà appliqués ont eu une incidence sur la masse salariale de près de 50 millions de dinars. Les travailleurs ont eu une amélioration des rémunérations de 1 500 à 5 000 DA, approximativement», précise le DRH. Et pour relativiser : «Nous sommes conscients de la situation des cheminots. On pourrait trouver en quelque sorte leurs revendications légitimes, mais nous sommes un service public, nous ne pouvons pas nous permettre de fermer boutique.» Revenant sur le mouvement de grève, M. Dekhli adopte un air menaçant. «Nous appelons à la reprise du travail. Nous avons recensé le nombre d'agents en grève. Ils auront à subir les dispositions de la loi.» N'écartant pas le recours à la justice, le conférencier brandit la menace de recourir aux ponctions sur salaires. «Celui qui ne travaille pas ne sera pas payé.» Pour rassurer les usagers, la SNTF compte assurer un service minimum de transport lors des heures de pointe. «Nous nous faisons un devoir de ne pas laisser les gens en rade. Les billets de voyageurs non transportés seront remboursés et nous assurerons le transport des produits stratégiques», affirme M. Dekhli.