Photo : Riad Par Amine Echikr Le ministre des Finances, Karim Djoudi, n'a pas écarté, jeudi dernier une poussée inflationniste en 2011, qui sera induite par les récentes augmentations de salaires. Selon lui, si l'argent injecté dans le cadre de l'augmentation des salaires est dépensé d'un seul coup par les ménages, il pourra provoquer une pression sur la demande interne se traduisant par une hausse des prix de certains produits. Ce regain d'inflation attendue est prévisible au vu des augmentations de salaires intervenues et du fort recrutement par la fonction publique d'agents non productifs. Cette augmentation de la demande interne ne s'est pas accompagnée d'une augmentation de l'offre. Le recours à l'importation de différents biens et services a fait exploser la balance commerciale sans augmentation en parallèle de la production nationale, sauf à travers les prix.Mais le ministre des finances espère que le scénario inflationniste n'aura pas lieu, préconisant, pour y échapper, la transformation en épargne des rappels au titre du régime indemnitaire pour 2008, 2009 et 2010, et ce, dans la perspective de l'utiliser notamment dans les dispositifs de soutien à l'accession au logement. «Les banques ont tout intérêt à profiter de cette masse d'argent mais en étant plus actives en termes de mobilisation de l'épargne», a-t-il déclaré. Elles devraient également être plus actives en matière d'octroi de crédits aux différents secteurs productifs, serait-on enclin d'ajouter. Par ailleurs, le ministre des Finances a également annoncé que la prime de zone sera calculée à partir du salaire de base national de 2007, une mesure qui touchera l'ensemble des secteurs de la fonction publique. A une question orale d'un membre du Conseil de la nation sur l'augmentation de la prime du sud encore calculée sur le salaire de base de 1989, il a précisé que «toutes les indemnités et primes de fonctionnaires et agents contractuels, y compris la prime de zone, ont été mobilisées et seront calculées sur les salaires de base appliqués à partir du 31 décembre 2007». La révision des systèmes indemnitaires se fait actuellement en deux étapes, a-t-il indiqué, précisant que la première consiste en la révision des systèmes indemnitaires de tous les secteurs par le calcul des indemnités et primes accordées sur la base des nouveaux classements. En décembre 2009, le Premier ministre avait donné instruction pour le lancement de cette opération. Dans ce contexte, M. Djoudi a rappelé que les systèmes indemnitaires relatifs au secteur de l'éducation nationale, aux corps combinés et aux agents contractuels ont été adoptés et publiés et sont actuellement en cours d'exécution. L'augmentation de la prime de zone sera prise en charge dans la deuxième étape de révision des systèmes indemnitaires relatifs à la région du sud, a indiqué M. Djoudi. Dans ce sens, il a précisé que le statut de la fonction publique de 2006 a défini un nouveau système de classement des travailleurs et agents contractuels au sein des administrations et entreprises publiques qui est mis en œuvre en deux étapes. L'application de la première étape a permis la promulgation de 45 statuts et l'approbation de deux autres, en attendant leur publication.Cette multiplication des augmentations de salaires a des effets salutaires pour ceux qui les reçoivent mais des effets négatifs sur l'inflation. Cela donne le sentiment aux travailleurs et aux fonctionnaires qu'on leur reprend d'une main ce qu'on leur a donné de l'autre.En 2010, l'inflation en Algérie s'est établie officiellement à 3,9%, selon l'Office national des statistiques (ONS), un peu plus que les 3,5 prévus dans la loi de finances pour 2010.Quant au manque de liquidités au niveau des bureaux de poste, il a indiqué qu'un groupe de travail du ministère des Finances a formulé une série de suggestions pour faire face à ce problème. Le règlement de cette question revient à la Banque d'Algérie et à Algérie Poste, a-t-il estimé. En outre, il a annoncé que les autorités financières du pays allaient recourir pour la troisième année consécutive en 2011 à une loi de finances complémentaire (LFC). Selon lui, ce correctif budgétaire a été rendu nécessaire par le besoin d'inscrire au budget de l'état les incidences financières engendrées par les nouvelles mesures prises du Conseil des ministres pour relancer l'emploi et l'investissement. Le premier argentier du pays a souligné que le recours à une loi de finances complémentaire «ne signifie pas un manque de visibilité en matière de prévisions des finances publics du pays». Le recours à une LFC «vient apporter des correctifs à des décisions exceptionnelles prises durant un exercice donné», a t-il précisé. Avec la mise en œuvre de ces décisions, en plus des dépenses du programme d'équipement, le budget de fonctionnement de l'état est appelé à augmenter, notera-t-il. Mais selon lui, la hausse maintenue des recouvrements de la fiscalité ordinaire, enregistrée ces dernières années, couvre actuellement plus de 50% de dépenses de fonctionnement. «Notre objectif est de maintenir le rythme de croissance de la fiscalité ordinaire pour arriver à couvrir toutes nos dépenses de fonctionnement» avec les recouvrements de cette fiscalité, soulignera-t-il encore. Par ailleurs, Karim Djoudi a estimé que les investissements consentis par l'Etat dans les infrastructures (logements, routes, barrages), n'ont pas une grande rentabilité économique mais une utilité sociale. Selon lui, seuls les investissements s'adressant au marché au titre de l'accompagnement par l'état du secteur privé sont en mesure de créer cette rentabilité. D'ailleurs, souligne-t-il, les mesures prises dernièrement par le Conseil des ministres prévoient le renforcement de cet accompagnement par des financements conjoints (publics-privés). A. E. OTH seul interlocuteur de l'Algérie pour le rachat de Djezzy Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a affirmé, jeudi, qu'Orascom Telecom Holding (OTH) est le seul interlocuteur de l'Algérie dans les discussions pour le rachat de Djezzy, écartant la possibilité d'associer le russe Vimpelcom, nouvel actionnaire d'OTH, dans ces négociations. «Nous avons concernant [le rachat] Orascom Telecom Algérie (OTA) un seul interlocuteur en matière de licence, en l'occurrence OTH», la maison mère d'OTA, a déclaré le ministre en marge d'une séance de questions orales au Conseil de la nation. Le 17 mars, les actionnaires de Vimpelcom ont approuvé la fusion de leur groupe avec l'italien Wind Telecom qui détient 51% d'OTH. Pour cette fusion «nous n'avons pas à intervenir dans ce genre d'opérations [financières] et nous n'avons pas à les apprécier [...] ni à intervenir dans le choix d'actionnaires de sociétés étrangères», a-t-il encore précisé. Pour rappel, le gouvernement algérien a décidé de racheter la filiale algérienne (OTA-Djezzy) de l'opérateur égyptien OTH qui négociait alors la vente de sa filiale algérienne à des opérateurs étrangers. Le gouvernement a fait valoir dans ce cas particulier son droit de préemption tout en retenant le cabinet français Sherman and Sterling LLP pour l'accompagner dans l'opération d'évaluation du prix de cession d'OTA, à l'origine d'un différend entre les autorités algériennes et l'opérateur égyptien.