Plus il y a de gruyère, plus il y a de trous. La logique du ministre des Finances, Karim Djoudi, pour absorber l'inflation générée par les récentes revalorisations et rappels des salaires conduit indubitablement à un paradoxe. En effet, Karim Djoudi table sur l'épargne logement pour pallier l'inflation, c'est-à-dire, plus il y a de trous, moins il y a de gruyère. Focus. D'après le pronostic du Fonds monétaire international (FMI), la politique dépensière du gouvernement algérien pour l'exercice 2011 devrait pousser l'inflation à franchir le seuil des 5%. Ceci peut se répercuter négativement sur les prix des produits alimentaires qui vont sûrement prendre de l'essor à partir du ramadan prochain en août, pronostiquent des économistes. Les flambées des prix dans les marchés internationaux des matières premières et alimentaires accentueront aussi la hausse chez nous, notent nos interlocuteurs. Mais, d'après Karim Djoudi, ministre des Finances, les Algériens ne vont se ruer sur la consommation encouragée par leurs salaires additionnels, mais ils iront vers l'épargne. Un pari pas du tout sûr si on se réfère à la nature dépensière des Algériens. D'après le raisonnement du premier argentier du pays, une partie de cette masse salariale se retrouve en épargne, ce qui évitera à l'économie de subir la hausse de la demande solvable supplémentaire en produits et services. C'est en tout cas, le sentiment du ministre qui mise effectivement sur une reconstitution de l'épargne et ce, pour accéder aux formules d'aide au logement, sans pour autant écarter le risque d'une poussée inflationniste en 2011. D'après le ministre, si l'argent injecté dans le cadre de l'augmentation des salaires sera dépensé d'un seul coup par les ménages, il pourrait provoquer une pression sur la demande interne qui va se traduire par une hausse des prix de certains produits. Pour échapper à cette éventuelle hausse des prix, le ministre préconise la transformation des rappels au titre du régime indemnitaire de 2008, 2009 et 2010 en épargne, dans la perspective d'utiliser celle-ci (l'épargne) notamment dans les dispositifs de soutien à l'accession au logement. «Les banques ont tout intérêt à profiter de cette masse d'argent mais doivent être plus actives en termes de mobilisation de l'épargne», a-t-il préconisé, dans une déclaration à la presse en marge d'une séance de questions orales à l'APN. En 2010, l'inflation en Algérie s'est établie officiellement à 3,9% selon l'Office national des statistiques (ONS), un peu plus que les 3,5 prévus dans la loi de finances de 2010. Quant au manque de liquidités au niveau des bureaux de postes, M. Djoudi a indiqué qu'un groupe de travail du ministère des Finances a formulé une série de suggestions pour faire face à ce problème. Le règlement de cette question revient à la Banque d'Algérie et ‘'Algérie Poste'', a-t-il estimé.