L'ex-salle de la commission exécutive nationale de l'UGTA a été, hier, le théâtre d'une réunion houleuse du conseil fédéral des banques et assurances. Créée il y a quatre ans, après sa séparation avec celle des finances, la Fédération des banques et assurances avait l'ambition d'être une structure syndicale des plus actives au sein de la plus importante organisation syndicale du pays. Mais son désormais ex-secrétaire général, qui avait nourri beaucoup d'espoir chez ses pairs, s'est transformé, selon les responsables syndicaux du secteur, en «un véritable diable». Décisions unilatérales, suspension de syndicalistes sans motif, éloignement des cadres syndicaux compétents des structures de la Fédération, diktat sur les syndicats d'entreprise, etc. Autant de griefs qui ont été retenus contre l'ex-SG, dont le nom ne sera pas cité une seule fois durant toute la réunion, ni par les membres de la Fédération ni par le secrétaire national chargé de l'organique qui a présidé la rencontre. Ce même SG, en l'occurrence Aïssa Annou, qui a envoyé sa démission au premier responsable de la Centrale syndicale, il y a deux jours. Sans juger utile, conformément aux statuts et règlement intérieur de l'UGTA, de présenter son bilan et le remettre son mandat, puisqu'il a été nommé, il y a trois mois, président-directeur général de la SAA. Une nomination qui pose beaucoup d'interrogations au sein de la Fédération, ses membres se demandant si «cette promotion ne s'est pas faite en marchant sur le corps de ses camarades». Les intervenants qui se sont succédé n'ont pas tari d'accusations à l'encontre de l'ex-SG. Un syndicaliste s'en est même pris à un membre du secrétariat national sans le nommer qui, selon lui, était complice avec le P-DG de la BEA de son limogeage parce qu'il a dénoncé le détournement de la BCIA qui a coûté à la Banque extérieure d'Algérie la bagatelle de «16 milliards de dinars représentant 60% du capital de la banque publique». Il n'en fallait plus au secrétaire à l'organique pour décider d'arrêter les débats avant que les membres du bureau ne s'élèvent contre cette décision, revendiquant leur droit à la parole. Absent en début de réunion, alors qu'on croyait qu'il bottait en touche en envoyant son collègue de l'organique au charbon, Abdelmadjid Sidi Saïd, apparemment informé de la tournure qu'allait prendre la réunion, fait irruption dans la salle. Il reconnaîtra tout comme son collègue de l'organique qu'il y a beaucoup de structures de l'organisation qui fonctionnent en dehors des statuts et du règlement intérieur. «Des syndicalistes de valeur ont été rabroués, d'autres ont trouvé les portes fermées et étaient contraints de rejoindre les syndicats autonomes. Des sections syndicales se sont créées dans des cafés.» Et le SG de l'UGTA d'ajouter : «Il y a des syndicalistes qui se sont installés à leur propre compte en violation des textes. Des clans qui se font et se défont. Des responsables syndicaux qui en couvrent d'autres au détriment de l'organisation. Des syndicalistes qui se comportent pire que les gestionnaires. Veut-on détruire l'UGTA ?» s'est-il interrogé avant de lancer qu'il ne permettra à personne de le faire. «Aujourd'hui, c'est la refondation de l'UGTA. Désormais, seuls l'urne et les travailleurs auront le droit de décider. Personne ne sera ni désigné ni parachuté. Il n'y aura plus jamais de plébiscite.» Abdelmadjid Sidi Saïd reconnaîtra que la crise qui touche la Fédération des banques et des finances n'est que la face cachée de l'iceberg, tant il est vrai que d'autres fédérations, à l'image de celle des journalistes, se débattent dans les mêmes problèmes. L'intervenant appellera enfin à mettre un terme à l'hypocrisie syndicale. Cela, avant de laisser les membres de la Fédération renouveler leur bureau fédéral à travers des élections à bulletins secrets. F. A.