Photo : Sahel Par Faouzia Ababsa Comme annoncé il y a une semaine, la Centrale syndicale a commémoré, à l'instar de l'ensemble des organisations de travailleurs de par le monde, le 90e anniversaire de la création de l'Organisation internationale du travail. Avec cette particularité, c'est que ce sont les femmes travailleuses et syndicalistes qui ont été mises en avant. Le hall de l'ex-Foyer civique a, en effet, accueilli une exposition préparée et organisée par les sections syndicales de l'Union générale des travailleurs algériens sous le thème «l'Organisation internationale du travail, femme et travail décent». Des photos montrant des femmes syndicalistes en activité à l'intérieur de leurs entreprises respectives, à l'image de ces femmes manœuvres de l'AMRIL. Divers métiers, autrefois monopole de la gent masculine et que les femmes se sont appropriées, sont présentés : douanières, pompiers, chauffeurs de train et d'autobus. A travers cette exposition, les femmes syndicalistes (commission des femmes travailleuses de la wilaya d'Alger) ont voulu prouver que l'action syndicale ne se limite pas à la revendication salariale et socioprofessionnelle. La célébration du 90e anniversaire de l'OIT coïncide avec le lancement, par cette même organisation tripartite, du plan d'action sur l'égalité, qui reste le cheval de bataille des femmes syndicalistes, car considéré comme l'un des fondements de la démocratie et des droits de l'Homme. L'exposition a été inaugurée par le secrétaire général de l'UGTA, accompagné de quelques membres du secrétariat national. Abdelmadjid Sidi Saïd n'a pas caché sa fierté face au travail accompli par les femmes travailleuses de manière générale et des syndicalistes en particulier. D'ailleurs, après avoir effectué le tour du propriétaire, il s'est dit ému, fier et comblé de voir «que nous sommes minoritaires dans cette salle». Il soulignera que c'est la première exposition organisée depuis l'indépendance du pays dans le hall de la Centrale syndicale baptisé Ali Maachi, du nom de l'un des fondateurs du Théâtre national algérien. «A partir d'aujourd'hui, cet espace est ouvert à la société civile», dira le patron de l'UGTA. Revenant sur les femmes syndicalistes, il dira qu'elles se sont imposées par leur implication sur le terrain. C'était un combat contre les mentalités. «En 1997, il y avait zéro représentation de femmes dans l'ensemble des structures de l'UGTA. En 12 ans, c'est une véritable révolution feutrée qui a été menée. La femme travailleuse a su, avec intelligence et en adoptant une démarche militante, se faire accepter, avant d'être partie prenante à l'intérieur de l'organisation syndicale», a affirmé Abdelmadjid Sidi Saïd, non sans illustrer cette percée des femmes syndicalistes, aujourd'hui au nombre de 250 000.» Et M. Sidi Saïd d'énumérer tous les défis qui ont été relevés par ses camarades femmes. «Nous sommes l'unique organisation syndicale de la rive Sud mais aussi dans le tiers monde à parler du harcèlement sexuel. Aujourd'hui, ce n'est plus un tabou. Les femmes syndicalistes ont également contribué modestement à l'amendement du code de la famille. Même si c'est infime, cela reste important». Le secrétaire général de l'UGTA a également mis en avant le travail de solidarité mené par les femmes de l'UGTA, notamment durant le séisme de 2003. Et de renchérir : «En matière de solidarité, notre organisation est devenue une référence au niveau du Bureau international du travail». L'activité syndicale au niveau international n'était pas en reste dans l'intervention d'Abdelmadjid Sidi Saïd. «Il fut un temps où j'ai moi-même représenté la femme syndicaliste algérienne dans une rencontre internationale qui lui était consacrée». L'orateur ne cachera pas sa fierté de voir qu'aujourd'hui les membres de la commission des femmes travailleuse sont présentes dans les différents forums et rencontres organisés outre Méditerranée. Il mettra l'accent sur la formation syndicale et son apport au mouvement syndical. «16 000 syndicalistes ont été formés à l'Institut Drareni depuis 2002», dira-t-il. Le secrétaire général de la Centrale syndicale achèvera son intervention en lançant des pics à l'adresse des autres organisations syndicales hors UGTA. Il rappellera que c'est son organisation qui a proposé lors de l'élaboration en 1990 de la loi portant droit syndicale, l'instauration du pluralisme syndical. Dès lors, «nous n'avons de leçons à recevoir de personne en matière syndical ou sur la défense des travailleurs». Pour sa part, la présidente de la commission des femmes travailleuses de la wilaya d'Alger a laissé entendre que même si elles ont été soutenues par le secrétariat national, personne ne leur a fait de cadeau. Elles se sont imposées et arraché leur présence dans les structures de haute lutte. Rappelons qu'un stand a été réservé à l'Association de lutte contre l'analphabétisme présidée par Mme Mebarki qui a annoncé le lancement du projet «une entreprise économique sans travailleurs analphabètes». Un autre a abrité le Fonds syndical d'investissement pour l'emploi, créé à l'initiative de l'UGTA et dont le coup de starter sera donné au courant du mois prochain.