M. Hadj Benabdelkader Azzout s'est éteint le 6 mars dernier à l'âge de 78 ans, à l'hôpital militaire de Aïn El Naâdja.C'est un moudjahid de la première heure du combat pour l'indépendance de l'Algérie et un diplomate chevronné qui disparaît.Né à Mascara le 2 juin 1932, dès son très jeune âge, Hadj Azzout a baigné dans un milieu nationaliste et a été influencé par un bon nombre d'entre eux dont son oncle Mustapha Stambouli (1920-1984), grand actif pour la cause nationale, membre du PPA dès la fin des années 1930 et secrétaire d'Etat du 1er gouvernement provisoire 1958.Hadj Azzout fait ses études secondaires à Tlemcen de 1946 à 1947 et termine le lycée à Oran en 1952. Son baccalauréat en poche, il s'inscrit à la Faculté de lettres et philosophie de l'Université d'Alger de 1952 à 1956 tout en adhérant au MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques).En 1952, il est membre de l'Association des étudiants musulmans nord-africain (AEMNA) et en 1956, il est membre de l'Ugema (Union générale des étudiants musulmans algériens). Cette même année, il rejoint les rangs du FLN et un an plus tard, ceux de l'ALN au sein du service de renseignement et des liaisons de la Wilaya cinq (Région militaire de l'Ouest algérien).En 1958, il est cadre au ministère de l'Armement et des Liaisons générales (MALG). Cette même année, il est désigné en qualité de membre de la Haute Cour de justice présidée par le colonel Boumediene.En 1959, il est secrétaire général du Comité interministériel de la guerre (CIG) composé de Abdelhafid Boussouf, Belkacem Krim et Abdellah Bentobal. A la dissolution de cette institution, il est nommé directeur des écoles militaires jusqu'à l'indépendance. Il reprend alors ses études de droit à Alger qu'il poursuivra en sciences politiques à New York, à l'Université Saint-John et plus tard à l'Institut des sciences politiques à Alger.EN 1963, Hadj Azzout entame une nouvelle étape dans sa carrière civile en entrant au ministère des Affaires étrangères, où il occupe d'importantes fonctions tant au niveau de l'administration centrale que dans les services extérieurs. Après un bref passage au département Asie-Amérique latine, il est nommé conseiller à l'ambassade d'Algérie à Damas puis, en 1964, il est muté à la Mission permanente algérienne auprès des Nations unies à New York où, pendant 5 ans, il est témoin des grands débats agitant le monde en pleine guerre froide, notamment au Conseil de sécurité dont l'Algérie devient un moment membre non permanent : parachèvement du processus de décolonisation en Afrique, crise de Chypre, conflit indo-pakistanais à propos du Cachemire, guerres du Vietnam et israélo-arabe, désarmement, etc. Pour ce jeune diplomate, les Nations unies constituent une expérience enrichissante qui lui sera très utile dans sa carrière puisque en 1970, il s'occupera de nouveau, à son retour à Alger, des problèmes internationaux à la tête de la Division des organisations internationales où il suivra d'autres grands dossiers tels les rapports Est-Ouest, les relations Nord-Sud pour lesquelles l'Algérie jouera un rôle de premier plan pour l'instauration d'un nouvel ordre économique mondial, l'invasion et l'occupation par le Maroc de la colonie espagnole de Saguiat El Hamra et Rio de Oro ( Sahara occidental), le sommet des Pays non-alignés à Alger en septembre 1973, la guerre israélo-arabe d'octobre de la même année, etc. En 1978, il est ambassadeur au Cameroun, puis secrétaire général du ministère des Affaires étrangères en 1982. Membre du Comité central de 1981-1990, il quitte provisoirement sa carrière diplomatique en 1984 pour présider la Cour des comptes jusqu'en 1988, date à laquelle il devient ambassadeur à Londres. Parallèlement, il continuera à suivre des grands dossiers des Nations unies tels que le dossier du désarmement. En 1985, il est nommé président du Comité consultatif pour les études sur le désarmement (Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement).Sa carrière diplomatique se termine avec la retraite anticipée en novembre 1989. Ainsi, Hadj Azzout, au terme d'un long et riche parcours en qualité de moudjahid et de diplomate, aura apporté, comme d'autres cadres de sa génération, sa contribution à la libération de l'Algérie et à son édification. Sa disparition est ressentie par ses nombreux collègues et amis comme une grande perte pour notre pays.