La série d'auditions des membres du gouvernement par le président de la République s'est poursuivie hier avec la tenue d'une réunion restreinte qui l'a regroupé avec le ministre du Commerce, lequel lui a présenté un bilan de l'activité du secteur. Bilan à l'issue duquel le chef de l'Etat est revenu sur les nombreux dysfonctionnements en matière de non-respect de la réglementation et de la législation par les différents acteurs économiques. Ainsi, il a ordonné, selon le document de la présidence de la République, à l'administration dirigée par El Hachemi Djaaboub et à l'ensemble des autorités concernées de «redoubler d'effort et de mobilisation, notamment durant ce mois, pour protéger le pouvoir d'achat et la santé de la population des méfaits des prédateurs véritables qui ne respectent ni les préceptes de la religion musulmane ni même un minimum d'esprit civique et qui transforment chaque année ce grand moment de piété qu'est le jeûne sacré en occasion d'agression de la société et d'enrichissement illicite». Et Abdelaziz Bouteflika de souligner avec insistance les dysfonctionnements qui ressortent du bilan présenté «en matière de non-respect des lois et des droits d'autrui, ce qui est aussi un des legs de la douloureuse tragédie subie par l'Algérie et durant laquelle l'Etat mobilisait ses capacités pour la protection des citoyens contre les affres du terrorisme». Le bilan fait également ressortir que «bon nombre d'agents économiques tentent de transformer la libéralisation des activités économiques et commerciales en véritable situation de non-droit et en abusent honteusement par la fraude dans les affaires et le commerce». D'autre part, si le Président a conclu que le redressement engagé a certes apporté des fruits, il n'en demeure pas moins que cela est atténué, voire amoindri par les «fraudes qui entachent l'activité économique et singulièrement le commerce ainsi que par le laxisme qui nuit au crédit et à l'action des services de contrôle. Toute cette situation doit impérativement changer». Le mécontentement du président de la République n'a d'égal que l'anarchie qui règne dans le secteur du commerce. Et le legs des années de la tragédie nationale ne justifie en rien et en aucune façon le laisser-aller, le laxisme. D'aucuns estiment que les contrôles ne sont pas suffisants, voire quasi inexistants. Cela sans compter la concussion maintes fois constatée entre certains agents de contrôle et les assujettis. En témoignent les pratiques sans cesse croissantes de commerçants et autres opérateurs activant dans l'importation et qui ne s'encombrent pas de scrupules pour s'enrichir avec une facilité déconcertante. F. A.