Le président Bouteflika ne veut même pas entendre parler d'une éventuelle création d'un fonds souverain pour rentabiliser davantage les réserves de changes à l'étranger. «Certains nous suggèrent de nous lancer dans l'aventure d'un fonds souverain pour rentabiliser davantage nos réserves de changes à l'étranger. J'estime que le pays continue d'avoir un énorme besoin de capitaux pour le développement de l'économie nationale, ce qui ne plaide pas actuellement pour ce choix», a déclaré dimanche dernier le chef de l'Etat à l'issue d'une réunion restreinte consacrée au secteur des finances. En décodé, le contexte financier actuel, marqué par d'immenses projets d'investissement nécessitant des enveloppes financières faramineuses, n'est pas favorable selon le Président. Ainsi, ceux qui ont ces derniers temps plaidé pour la création d'un tel fonds, à commencer par le ministre de l'Energie et des Mines, ont désormais une réponse claire. Le choix de créer un fonds de cette nature n'est donc pas pour demain, d'autant que le Président lui-même a coupé l'herbe sous le pied à ses concepteurs. En effet, le recours à des méthodes plus rentables, comme la création d'un fonds souverain, a été évoqué ces derniers mois par le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, suivi par certains spécialistes des questions financières. Ces derniers, mettant en exergue le montant de plus en plus important des réserves de changes, estimé à 133 milliards de dollars à fin juin 2008 contre près de 78 milliards de dollars à la fin 2007, ont soulevé cette problématique, d'autant que, ont-ils laissé entendre, l'Algérie possède les moyens financiers pour suivre l'exemple des pays arabes du Golfe comme les Emirats et le Qatar qui disposent de fonds souverains pour investir dans des sociétés et des projets à l'étranger. Le ministre des Finances, a, suite à cette polémique, signifié que «l'Algérie n'est pas encore prête à transformer une partie de ses réserves de changes, ou le fonds de régulation des recettes, en fonds souverain». «Le fonds souverain est une décision économique avant tout. Maintenant, il faut voir l'opportunité de la décision», a-t-il dit. Le motif avancé par Djoudi est la crise financière internationale liée aux subprimes américains. Il dira que les fonds souverains n'ont pas été épargnés. «Le fonds souverain en lui-même n'est pas uniquement une réponse positive. Cela s'accompagne d'éléments de risque. C'est un élément qu'il faut apprécier. Par tradition, ce genre de fonds s'oriente vers des activités avec un niveau de risque fort. Il y a un risque potentiel de perte», a-t-il noté. Pour rappel, la gestion des réserves de changes est du ressort de la Banque d'Algérie avec comme principe avoir un minimum de risque et avoir une liquidité. «C'est-à-dire qu'à tout moment, vous pouvez récupérer ces réserves pour pouvoir participer à un financement quelconque et avoir un niveau de risque qui soit le plus faible possible», avait précisé Karim Djoudi. S. B.