Photo : Sahel Durant ces dernières années, les actes de contrebande se sont intensifiés sur la bande frontalière algérienne qu'elle soit à l'Est ou à l'Ouest. Le trafic qui englobe déjà de nombreux produits alimentaires, les stupéfiants, le carburant, les cigarettes, l'alcool, le cheptel, les véhicules volés et les déchets de matériaux ferreux et non ferreux, s'étend chaque jour à une nouvelle marchandise. Pour y faire face, l'Etat a décidé l'année dernière de renforcer les frontières de l'Est avec 23 postes de contrôle tout le long de la bande frontalière séparant l'Algérie et la Tunisie. Cette décision doit être concrétisée au plus vite car la valeur des quantités saisies chaque jour par les gendarmes gardes frontières (GGF) au niveau de la bande frontalière est importante et nuit à l'économie de l'Algérie. Les deux premiers mois de l'année en cours, les brigades territoriales de lutte contre l'exportation frauduleuse ont arrêté 398 personnes et saisi 40 véhicules dans 867 affaires. Le montant de la marchandise saisie est évalué à plus de 23 milliards de centimes, sans compter 12 962 litres d'essence et près de 90 000 litres de mazout saisis dans le cadre de ces affaires. Durant la même période, les gendarmes gardes frontières ont eu à traiter 405 affaires similaires. Les GGF ont arrêté 8 personnes et saisi 72 332 litres de mazout et 7 559 litres d'essence ainsi que douze véhicules. Le nombre réduit des personnes appréhendées est dû au fait que les trafiquants, proches de la frontière, réussissent à prendre la fuite vers le pays voisin en abandonnant véhicules et marchandises. La valeur de la marchandise récupérée par les GGF a été évaluée à près de 17 milliards de centimes. L'autre phénomène très nuisible à l'économie nationale est le vol et l'exportation des déchets de cuivre. Les unités de la gendarmerie ont traité en janvier et février 2011 8 affaires et 13 personnes ont été arrêtées. Un véhicule et près de 542 quintaux de déchets non ferreux ont été saisis ainsi que 6 000 mètres de câbles de cuivre. Cette marchandise était destinée au marché tunisien. Les unités de la gendarmerie ont également arrêté 16 trafiquants et récupéré, dans 10 affaires élucidées, un total de 154 kg et 145 mètres de câbles (de cuivre, téléphoniques et électrique). La quantité totale volée est de 17 quintaux et 11 192 mètres. Ce qui démontre la perte énorme enregistrée chaque jour par l'Etat dans ce trafic. Le vol et le transit illégal de véhicules de différents modèles s'intensifient ces dernières années. Ainsi, en deux mois, 147 affaires ont été résolues et 94 véhicules ont été récupérés. Près d'une centaine de personnes ont été arrêtées dans ces affaires. Les vols de bétail se multiplient, notamment à l'approche de l'Aïd. Les trafiquants s'aventurent à le faire passer de l'autre côté de la frontière pour le revendre. En deux mois, dans 37 affaires traitées, les éléments du 5ème commandement régional de la gendarmerie ont arrêté 64 personnes et récupéré 666 têtes de bétail et deux chevaux sur un total de 3 248 têtes volées. Ces trafics démontrent que les contrebandiers, tentés par le gain facile, usent de tous les moyens pour acheminer leurs marchandises et réussissent souvent à échapper à la vigilance des unités de la gendarmerie et des GGF. Ils démontrent aussi que l'économie du pays est saignée quotidiennement. Et cela sans compter les trafiquants de drogue qui réussissent, selon les estimations des spécialistes du domaine (basées sur une évaluation de la production dans les pays voisins), à faire passer 80% de leur marchandise. Ainsi, seulement 20% de stupéfiants sont saisis par les différends services de sécurité du pays. Et à reconsidérer ces énormes quantités saisies, il est facile de calculer le poids gigantesque de la marchandise qui réussit à transiter. Il est certes vrai que la lutte implacable dans les milieux de la contrebande a fait mal à ses instigateurs, mais il faut encore plus pour réussir à, non pas éradiquer totalement ces fléaux, car c'est pratiquement impossible de rendre les frontières imper-méables, mais du moins à resserrer le plus possible l'étau autour des contrebandiers.