L'Algérie a, désormais, son premier Schéma national d'aménagement du territoire (Snat). Les contours de cet immense projet territorial ont été présentés, hier, au Palais des nations, lors d'une conférence nationale, en présence du ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement Chérif Rahmani, de membres du gouvernement et représentants d'entreprises publiques et privées, d'organisations patronales, syndicales et professionnelles. Dans son allocution, Chérif Rahmani a indiqué que le Snat 2030, fruit de sept ans de concentration et de préparation - le premier du genre en Algérie - sera révisé tous les cinq ans. «Ce projet impulse une réorganisation du territoire qui doit corriger les déséquilibres constatés jusque-là et valoriser les atouts et les potentialités que possède l'Algérie, tout en veillant à la durabilité du développement de tous ses espaces», dira le ministre en substance. Rattraper les erreurs du passé, c'est l'objectif du Snat 2030, qui entrera prochainement dans sa phase d'application. S'agissant de l'évaluation du Snat en termes de coût, le ministre a indiqué qu'«un budget de 21 000 milliards de dinars est consacré pour la réalisation de tous les projets inscrits pour le quinquennat 2010-2014». Adopté par le Parlement et après la promulgation par le président Bouteflika de la loi 10-02 du 29 juin 2010, portant son approbation, le Snat 2030 devrait répondre aux déséquilibres de localisation de la population et des activités sur le territoire. D'autant plus que le dernier recensement de la population et de l'habitat (RGPH 2008) a révélé que 63% des habitants sont regroupés dans le Nord, sur 4% du territoire national. D'autre part, 28% sont localisés sur les Hauts-Plateaux, soit 9% du territoire, alors que le Sud, c'est-à-dire 87% du territoire, n'accueille que 9% de la population. Ces déséquilibres sont à la fois coûteux pour la collectivité nationale et source de tensions de nos ressources naturelles, selon les experts. «Mais une loi sans application et sans action n'est pas une loi», a estimé Rahmani. De son côté, Ould Kablia a mis l'accent sur le rôle des collectivités locales dans la mise en œuvre du Snat et la nécessité de renforcer les politiques de décentralisation tout en prônant la complémentarité entre les espaces territoriaux. Les propositions du Snat seront concrétisées en concertation avec les différents secteurs. La rencontre d'hier a été l'occasion pour l'élaboration d'une feuille de route pour la mise en œuvre de ce projet territorial qui «rompt avec les pratiques antérieurs de planification trop centralisées et souvent trop rigides», indique-t-on. Le Snat s'appuie sur l'organisation des espaces de programmation territoriale (EPT), sur l'émergence des pôles d'attractivité (PA) et sur la création des zones intégrées de développement industriel et des villes nouvelles. Quelque 700 participants se sont penchés au niveau de six ateliers sur plusieurs axes relatifs au Snat, notamment la stratégie territoriale de rééquilibrage, les schémas d'aménagement concernant les grandes villes, les Hauts-Plateaux et le Sud. A. B. Ould Kablia menace les gardes communaux protestataires de radiation Au moment où des milliers de gardes communaux poursuivaient hier leur mouvement de protestation à la place des Martyrs, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Dahou Ould Kablia, a menacé les grévistes de radiation et qualifié le mouvement de protestation «d'illégal» Il intervenait en marge de la conférence nationale d'aménagement du territoire ( Snat), au Palais des nations. Le ministre a qualifié la grève des gardes communaux «d'acte d'indiscipline», estimant avoir répondu à 11 des 14 revendications brandies par les grévistes, soit, a-t-il assuré, «l'essentiel des doléances exprimées». Selon Ould Kablia, «99% des protestataires ont repris le travail, affirmant que ceux qui poursuivent le débrayage seront licenciés».Mais les gardes communaux ne l'entendent pas de cette oreille. Ils réclament un statut, une reconnaissance de leurs sacrifices dans la lutte contre le terrorisme.Pour rappel, le ministre avait souligné dernièrement que sur les quelque 100 000 gardes communaux actuellement recensés, au niveau national, les deux tiers seront intégrés à l'Armée nationale populaire (ANP), et le tiers restant sera pris en charge par le ministère de l'Intérieur, dans le cadre de la police communale. A. B.