Mission accomplie, du moins dans sa première phase, pour Chérif Rahmani, ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire qui a présenté, hier au palais des nations, le Schéma national de l'aménagement du territoire après son adoption par le Parlement et la promulgation, par le président de la République, de la loi portant approbation de ce document. C'est en présence de M. Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et d'autres membres du gouvernement, d'institutions de l'état, des organisations syndicales, patronales et des représentants du corps diplomatique que M. Rahmani a procédé à une présentation exhaustive d'un travail de longue haleine qui a nécessité les efforts de nombreuses compétences pour aboutir, enfin, à une mouture basée sur une vision prospective à l'horizon 2020. Il en ressort trois échéances que l'Algérie devra affronter avec beaucoup de lucidité tant l'enjeu est de taille sur les plans démographique, social, économique et écologique. Un triptyque qui suppose aussi et surtout une équité dans la répartition des richesses d'où le souci de cohérence dans l'aménagement pour gérer des contradictions qui peuvent se présenter en même temps dans tous les domaines et à toutes les échelles du territoire. Autrement dit, le Snat veut rompre avec les anciennes pratiques de planification trop centralisée et souvent trop rigide. C'est donc à partir de scénarios méthodologiques et démonstratifs qu'il définit de manière précise et pragmatique ce que seront les orientations fondamentales de l'état pour les vingt ans à venir mais pas seulement. Le document comporte des propositions qui doivent être concrétisées sur le terrain à l'image des grands projets tels que l'autoroute Est-Ouest, la ligne ferroviaire à grande vitesse, la création de barrages, de grands transferts hydrauliques interterritoriaux, les unités de dessalement d'eau de mer, le développement des TIC, l'agriculture, l'éducation, la formation, la santé, la construction d'universités, la recherche et l'innovation, la généralisation de l'habitat, le développement des PME, etc. M. Chérif Rahmani a relevé que le souci dans l'élaboration de ce type de chantiers de grande envergure réside dans la difficulté de fédérer tous les secteurs autour d'un seul et même objectif à savoir la construction de l'Algérie de demain. Cette étape étant accomplie, il reste à enraciner ce schéma et le territorialiser. En d'autres termes, l'état s'investit dans un nouveau rôle à travers une nouvelle gouvernance qui permet d'optimiser l'action publique. Force est de constater que les données prévisionnelles sont quelque peu préoccupantes et nul ne peut ignorer les changements à venir. L'émergence de nouveaux acteurs économiques, le nouveau contexte énergétique, le rôle toujours croissant des nouvelles technologies, l'insécurité mondiale, l'enjeu des nouvelles migrations subsahariennes sont autant de facteurs à prendre en considération au même titre que les risques majeurs. D'où la première exigence qui doit nécessairement répondre aux déséquilibres de localisation des activités sur le territoire. Ce n'est pas par hasard que M. Rahmani s'attardera sur ce chapitre pour avertir que ces déséquilibres sont à la fois coûteux pour la collectivité nationale et source de tension pour nos ressources naturelles ; le recensement général de 2008 révèle que 63% de nos habitants sont regroupés dans le Nord sur 4% du territoire national. 28% sont localisés sur les Hauts-Plateaux, soit 9% du territoire alors que le Sud, c'est-à-dire 87% du territoire n'accueille que 9% de la population. Mais ce document de planification stratégique a un coût qui s'élève à 21 000 milliards de DA pour l'ensemble des secteurs durant ce quinquennat. Pour 2015-2030, il faudra recourir à d'autres modes de financement. En plus de l'apport public, il faudra faire actionner le partenariat public-privé et faire jouer la compétitivité qui repose sur les pôles d'attractivité. Nabila SaIdoun