Photo : Sahel Par Karima Mokrani Les résidents en médecine, en chirurgie dentaire et en pharmacie menacent de radicaliser leur action protestataire si le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, ne s'engage pas officiellement à abroger l'obligation du service civil. C'est une condition sine qua non, affirment-ils, non pour arrêter leur mouvement de grève illimitée mais pour siéger au sein des commissions de travail annoncées la semaine dernière par le ministre. Les résidents en colère attendent une réponse favorable et rapide à cette demande urgente. Ils l'attendaient pour la fin de la journée d'hier, à l'issue d'une réunion de travail prévue dans l'après-midi. A l'heure où nous mettons sous presse, la réunion se poursuivait encore. «Les résidents nous ont chargés de demander au ministre de nous assurer officiellement de la suppression du service civil. S'il nous dit que ce problème sera réglé officiellement et définitivement, nous travaillerons ensemble dans le cadre des commissions. S'il tergiverse, notre position est claire : pas question de travailler au sein des commissions et ce sera la poursuite de la grève illimitée, avec d'autres actions encore plus dures», a souligné, sur un ton ferme, le Dr Omar Mohamed Sahnoune, représentant du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), en marge d'un grand rassemblement au CHU Mustapha (Alger), hier aux environs de 11 heures. Au nom de ses collègues, le Dr Sahnoune soutient que cette mesure est injuste et anti-constitutionnelle : «On ne va pas négocier une mesure injuste qui, de plus, a montré toute son inefficacité.»Le rassemblement d'hier a regroupé des résidents des facultés de médecine des wilayas d'Alger, Tizi Ouzou et Blida. Un événement historique pour les résidents qui se réjouissent de leur cohésion et de leur unité d'action : «C'est la première fois, à l'échelle nationale, que des médecins résidents se battent de la sorte autour des mêmes revendications. Nous sommes en train de constituer une force. Une vraie force grâce à laquelle nous arracherons nos revendications. Nous nous battrons jusqu'au bout», lance, à haute voix, un des résidents, à l'adresse de ses camarades qui répliquent, à tue-tête, qu'ils restent solidaires pour toutes les actions à venir. Le même résident prévient contre ce qu'il appelle «la baltaguisation» du mouvement de contestation : «Jusqu'à présent, nous nous sommes comportés comme des gens civilisés. Nous avons organisé nos piquets de grève dans le calme, assuré le service minimum. Mais, eux, les responsables ne raisonnent pas de la même façon. Ils nous poussent à agir autrement, à sortir dans la rue.» «Si nos revendications ne sont pas satisfaites, nous sortirons alors dans la rue et ferons des marches. 2 000 résidents d'Oran sont prêts à nous rejoindre à Alger. Ce sera la même chose pour nos camarades des autres wilayas. On ira jusqu'au bout. Pas de retour en arrière», poursuit-il. K. M. Ould Abbès invite les grévistes à reprendre le travail Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbès, a invité, hier à Alger, les médecins résidents grévistes à reprendre le travail, qualifiant d'illégale la poursuite de leur mouvement. «Je trouve anormal qu'ils (médecins résidents) poursuivent leur grève, alors que nous nous sommes réunis (la semaine dernière) et mis en place trois commissions chargées d'étudier leurs revendications. Cette grève est injustifiable et totalement illégale», a déclaré M. Ould Abbès, à l'issue d'une rencontre avec des médecins spécialistes. Il a estimé, en outre, que les médecins résidents «devaient au moins attendre les conclusions des commissions prévues dans une semaine [...] et, dans le cas où ils ne seraient pas satisfaits, ils pourraient alors protester et faire la grève dans un cadre légal». Le ministre a appelé, à cet effet, les grévistes à la «sagesse, à reprendre leur travail et attendre les conclusions des trois commissions».