Photo : Sahel Par Fouzia Ababsa Les mises en garde du ministre de l'Intérieur qui leur rappelait que les corps constitués n'avaient pas le droit de manifester ou de protester n'ont pas eu raison des Gardes communaux. Ils ont au contraire poursuivi leur mouvement hier en organisant un sit-in ouvert à la place des Martyrs. Ils ont même rejeté les propos d'Ould Kablia à ce sujet et également les propositions qui leur avaient été faites dans la commission mixte, dont ils font partie.«Nous ne pouvons pas signer un document que nous avons rejeté», nous a déclaré hier un représentant des contestataires, membre de la commission. Il dit persister avec ses collègues dans la contestation jusqu'à la satisfaction totale des 14 revendications. Pourtant, Ould Kablia a dit que certaines d'entre elles étaient irréalisables. Par petits groupes, à la place des Martyrs où ils ont été canalisés par des barrières pour ne pas occuper la chaussée, les gardes communaux échangeaient des points de vue sur la situation qu'ils vivent, tandis que d'autres ne lâchaient pas leur téléphone, contactant les autres collègues restés sur place pour leur dire de ne rien signer parce que leurs représentants avaient rejeté les propositions de la tutelle. Une précaution prise pour mettre à mal les promesses que «peut faire le délégué communal au niveau de wilaya à nos collègues pour les amener à signer et, par conséquent, affaiblir et casser notre mouvement», affirment les contestataires. Ils ont apporté un démenti catégorique aux propos du ministre de l'Intérieur qui est intervenu dimanche dernier à la télévision nationale et selon lesquels les revendications des gardes communaux avaient été acceptées. «C'est faux», nous ont-ils indiqué en précisant de nouveau qu'ils sont membres de la commission mixte. Dans la dernière réunion, «on nous a demandé de consulter nos collègues. Ce que nous avons fait. Nous avons contacté l'ensemble des éléments de la Garde communale à travers le territoire national. Ils ont opposé un refus aux propositions qui nous ont été faites». Surtout que les principales revendications (heures supplémentaires, augmentations de salaires, la retraite sans condition d'âge) ont été purement et simplement rejetées. «Les gardes communaux subissent des pressions et des menaces de la part des éléments de la gendarmerie au niveau des barrages routiers. Ils leur ont confisqué leurs uniformes et leurs cartes professionnelles et ont menacé de lâcher les chiens sur eux s'ils ne rebroussaient pas chemin. Tout cela pour les empêcher de rejoindre le sit-in à Alger», témoignent-ils. «Nous demandons la protection de Bouteflika. Jusqu'à présent, nous n'avons commis aucun impair. Nous sommes pacifiques et conscients. Nous n'avons ni cassé ni perturbé l'ordre public», préviennent-ils.Par ailleurs et en réponse aux doléances des gardes communaux, le ministre de l'Intérieur, à partir du Club des Pins et en marge de la conférence nationale sur le schéma national d'aménagement du territoire (SNAT), les a menacés de révocation s'ils poursuivaient leur sit-in. Précisant par ailleurs que 99% d'entre eux avaient adhéré «aux mesures déjà prises pour leur régularisation, mais ceux qui poursuivront leur mouvement de protestation seront exclus de ce corps de sécurité». Et M. Ould Kablia d'ajouter : «En ce qui nous concerne, il n'y aura plus de discussions, ni de négociations, ni de surenchère.» «Nous allons les exclure du corps. Toutes les autorités militaires et civiles sont décidées à considérer les actes menés par les gardes communaux comme étant des actes d'indiscipline dans un corps de sécurité», a encore affirmé le ministre non sans qualifier «les actes des gardes communaux d'inadmissibles».