Les gardes communaux ne lâchent pas prise. Après avoir pris acte des menaces du ministre de l'Intérieur, Daho Ould-Kablia, ils décident de ne pas lever le sit-in qu'ils organisent depuis maintenant trois jours jusqu'à «satisfaction de toutes les revendications». Les gardes communaux gardent donc toujours la place des Martyrs à Alger. Ils étaient des milliers à passer la nuit sur l'esplanade de la célèbre place de l'ancienne ville d'Alger. Si la crasse et la fatigue ont gagné leurs visages, ces policiers particuliers qui ont soutenu l'Etat dans la lutte contre le terrorisme, gardent intacte leur détermination. A Daho Ould-Kablia, qui disait la veille que «la majorité écrasante des gardes communaux» étaient d'accord avec les décisions de la tutelle, ils répondent : «Puisqu'il est sûr de ce qu'il dit, qu'il vienne voir de ses propres yeux !»Selon eux, les gardes communaux à l'échelle nationale soutiennent l'action de leurs collègues rassemblés à Alger. Pour preuve, les délégués que nous avons rencontrés sur place ont même pris la peine de montrer des fax venus de plusieurs wilayas de l'intérieur. Il s'agit surtout de Annaba, Blida et Médéa. Ces documents portent essentiellement sur leur soutien et constituent un démenti aux propos du ministre de l'Intérieur.Pendant qu'un coordinateur expliquait aux journalistes la situation, des témoignages affluent. Des délégués, fraîchement arrivés, parlent de leurs problèmes. A l'image de ce garde communal de Blida qui raconte que le chef du secteur militaire de Bougara leur a intimé l'ordre de «dire au wali qu'il n'y au aucun problème», sous peine de sanctions. Cet autre agent racontera à ses camarades et aux gens de la presse que «à Hammam Righa (Médéa), les gendarmes leur ont donné l'ordre de rebrousser chemin». «Moi-même, on m'a demandé de retourner chez moi», dit-il. La même situation a été relevée à Sétif, par exemple. Des échos qui proviennent d'un peu partout indiquent que «des pressions sont exercées pour empêcher les gardes communaux de rejoindre Alger».Certains membres de ce corps de sécurité, qui gagnent un peu plus de 20 000 DA par mois, ont observé, toujours à la place des Martyrs, une grève de la faim. Deux d'entre eux ont même été évacués par les agents de la Protection civile. Au moment où nous mettons sous presse, ils campent toujours à la place des Martyrs. «Ici, c'est comme des vacances pour nous. C'est en tout cas mieux que le maquis», dit un garde communal. Sauf qu'ici, les seuls vigiles sont des policiers. A. B.