Les dégâts de la bureaucratie sont profonds et indicibles. Il était temps d'extirper cette tumeur qui rongeait le corps social. Le département ministériel de Daho Ould Kablia affiche sa volonté de mettre fin au calvaire des Algériens en ce qui concerne la délivrance de documents administratifs. Les réflexes bureaucratiques et leurs corollaires: la corruption et les pots-de-vin qui se sont érigés en culture en Algérie trouvent un terreau exceptionnel dans certains secteurs de l'administration. Celui des documents administratifs en est un des prototypes. Comment les services du ministère de l'Intérieur comptent-ils s'y prendre pour mettre fin à ce fléau? «Par le renvoi ou la mutation des agents jugés indélicats et l'amélioration des conditions d'accueil des citoyens dans les différentes administrations», a affirmé le représentant du ministère de l'Intérieur. Cela devrait se traduire: «de nouvelles mesures d'allègement des procédures d'obtention de différents documents administratifs seront prises dans les prochaines semaines», a annoncé le 26 mars 2011 le directeur général des libertés publiques et des affaires juridiques du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. «Un train de mesures d'allègement des dossiers administratifs sera annoncé dans les prochaines semaines», a confié Mohamed Talbi sur les ondes de la Chaîne III lors de l'émission «Service public». Le directeur général des libertés publiques et des affaires juridiques a confirmé, samedi, la suppression de l'extrait de naissance spécial, le 12 S, du dossier de demande de la carte nationale d'identité. Il sera remplacé par l'extrait de naissance ordinaire n°12. Le fameux 12 S reste cependant, exigé pour le passeport. L'intervention de l'invité de la Radio nationale a été principalement axée sur la suppression de certaines pièces administratives, contraignantes, en ce qui concerne les dossiers de délivrance de la carte nationale d'identité et du passeport. Les formulaires à remplir, qui sont indispensables à l'obtention de ces deux documents, seront malgré tout simplifiés. Quelles seront les pièces à écarter? Le fonctionnaire du ministère de l'Intérieur n'en dira pas plus. Il révélera par contre, que les délais de délivrance de la carte grise et du permis de conduire devraient être sensiblement réduits. Mohamed Talbi a confirmé la poursuite de la modernisation des services de l'état civil. Toutes les communes du territoire national doivent être informatisées à terme. Il faut rappeler que ce n'est pas la première fois que le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales annonce ce type de mesures. L'ancien ministre de l'Intérieur avait indiqué avoir pris acte des lourdes contraintes rencontrées et soulevées par les citoyens. «J'ai décidé d'apporter des allègements aux procédures initiales, allègements que je compte conforter et compléter», avait promis Noureddine Yazid Zerhouni. Contrairement au Maroc et à la Tunisie, l'Algérie a toujours éprouvé du mal à attirer les investisseurs étrangers. Dans l'art de rater les opportunités, les responsables algériens excellent. Des centaines d'investisseurs étrangers ont renoncé à l'Algérie depuis ces dernières années, car leurs projets ont buté sur plusieurs contraintes. Il s'agit, notamment de l'absence de foncier, bureaucratie, corruption sont les principales contraintes bloquant les projets d'investissement. En outre, compte tenu des lenteurs administratives, les investissements étrangers sont détournés vers le Maroc et la Tunisie. Décidément, on fait tout pour «chasser» les investisseurs étrangers. A titre illustratif, on rappellera l'exemple du constructeur français Renault qui a dû renoncer à l'Algérie pour s'installer au Maroc. C'est dire que les ravages de la bureaucratie sont incommensurables. Si les dégâts du terrorisme sont directement perceptibles, ceux de la bureaucratie sont sourds, profonds et indicibles. Il était temps d'extirper cette tumeur qui rongeait le corps social.