Fin de mission pour le président sortant Laurent Gbagbo, qui a été arrêté, hier dans l'après-midi à Abidjan, par les forces spéciales de son rival Alassane Ouattara, internationalement reconnu comme le nouveau chef d'Etat de la Côte d'Ivoire. Retranché dans un bunker, dans son palais présidentiel, M. Gbagbo a été capturé en compagnie de sa femme suite à l'assaut effectué par les Forces républicaines (FRCI, proches de M. Ouattara), au terme de douze jours d'une vaste offensive armée partie du nord du pays.Un porte-parole du président Alassane Ouattara a indiqué que M. Gbagbo et son épouse se trouvaient à l'hôtel du Golf, le quartier général de M. Ouattara. L'arrestation de Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis février 2000, intervient après quatre mois de crise politico-militaire qui a débuté au lendemain du second tour de la présidentielle du 28 novembre 2010. A la fin de la matinée d'hier, des informations avaient fait état du lancement d'une attaque armée contre le bunker où se cachait M. Gbagbo, par les forces spéciales françaises. Mais l'ambassadeur de France à Abidjan a démenti cette information, précisant que ce sont les forces spéciales d'Alassane Ouattara qui sont intervenues et qui ont procédé à l'arrestation du président sortant. Mais sans l'appui aérien des troupes françaises de la mission la Licorne et des blindés des forces de maintien de la paix de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci), la guerre que se livrent depuis quatre mois les deux parties ivoiriennes aurait duré dans le temps. «Le cauchemar est terminé» pour les Ivoiriens, a déclaré à la télé pro-Ouattara Guillaume Soro, ancien chef rebelle et ex-Premier ministre du président sortant, assurant que M. Gbagbo et son épouse étaient «aux arrêts» et en bonne santé. Les combats armés entre les rebelles du FRCI et les Forces de défense et de sécurité (FDS, loyales à Gbagbo) ont fait au moins deux mille morts et plus d'un million de déplacés à l'intérieur de la Côte d'Ivoire et dans les pays voisins. Des exactions auraient été commises par les deux camps, ont accusé plusieurs organisations humanitaires indépendantes et des représentants des agences humanitaires des Nations unies, opérant sur place. Ces derniers affirment avoir mis au jour plusieurs charniers dans lesquels des dizaines de corps avaient été enterrés, notamment dans l'ouest du pays, frontalier avec l'instable Liberia voisin. Mais Alassane Ouattara a nié que ses forces aient commis ces assassinats collectifs, promettant l'ouverture d'une enquête indépendante dès la fin des affrontements avec les forces du FDS. L'armée loyale à Laurent Gbagbo avait résisté jusqu'à hier devant les rebelles du FRCI grâce aux armes lourdes dont elle disposait. Mais une partie de ce lourd équipement militaire avait été détruite suite à l'intervention des avions de la Licorne et des blindés de l'Onuci. Selon l'ambassadeur de la Côte d'Ivoire (envoyé par Ouattara) auprès de l'ONU, Laurent Gbagbo sera présenté devant la justice de son pays pour avoir usé de la violence pour rester au pouvoir. Avec la chute du président sortant, Alassane Ouattara espère maintenant que les sanctions internationales, en vigueur depuis la mi-décembre, soient levées sur son pays. L. M.