De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La socialisation de la culture peine à se concrétiser corrélativement à travers toutes les municipalités de la wilaya de Constantine. Le chef-lieu de wilaya demeure le centre d'attraction majeure pour les différents organismes publics chargés d'élaborer les grilles et autres manifestations de loisirs. La rareté des activités dans les autres agglomérations est imputée le plus souvent au seul manque de salles et autres mesures d'accompagnement qui font défaut, outre la faible densité démographique, comme si la culture devait agir en considération des «marées humaines».A Constantine, la Direction de wilaya de la culture fonctionne en roue libre, même si les principales activités subventionnées lui sont déléguées. Travaillant avec des programmes «imposés» et quelques improvisations pour meubler l'organigramme, la structure tente vaille que vaille de combler le secteur en dépit du peu d'intérêt du public. La Direction s'appuie notamment sur ses propres initiatives et les manifestations culturelles inscrites sur les agendas de «commémoration» afin de demeurer active à l'échelle locale.Toutefois, l'innovation et la diversification tardent à se manifester, de l'avis de nombreux citoyens. Certains hommes de culture estiment nécessaire le recours à des assises pour parvenir à une décantation culturelle qui s'impose, et ce, dans le but de dégager une autre perspective apte à rassembler le maximum d'idées et d'éclairages à même d'aboutir à un renouveau culturel, et surtout à une socialisation de la culture. «On essaye surtout de fignoler des prospectus à la pelle pour se prémunir contre une éventuelle grogne de la tutelle. On agit beaucoup plus pour donner l'impression que ça grouille d'activités, alors qu'en réalité, l'indifférence gangrène les espaces d'expression. Du moins, ce n'est pas tout ce qui est proposé qui draine la foule», témoigne un acteur local. Ces déclarations soulignent la faiblesse de la diffusion de la culture aussi bien intra qu'extra-muros. Or, ce travail requiert un engagement conséquent sur le terrain pour élargir le champ de couverture didactique. Constantine gère ses activités par un autre organisme installé il y a près d'une année qu'est l'Office communal pour la promotion des activités culturelles et artistiques. Organisme indépendant de la Direction de la culture, cet office a étrenné ses activités durant le mois de Ramadhan dernier et vient de peaufiner ses actions pour cette année. Après avoir pataugé dans une spirale de dettes, il refait surface grâce à une coquette subvention de la wilaya lui permettant de gérer aisément ses activités. Sans s'associer à la Direction de la culture, l'Office a ses propres initiatives et ne compte surtout pas enchevêtrer ses programmes avec d'autres. D'un côté, l'avènement de cet Office avec son programme d'animation enrichit le panorama culturel et artistique, mais d'un autre côté, on butera toujours sur ce rempart de mauvaise socialisation et généralisation de l'animation. Un zeste de leadership pénalise leur prise en charge rationnelle et optimale. Chaque organisme voudrait accaparer son rayon d'action sans véritable concertation avec l'ensemble pour un travail complémentaire. Et lorsque c'est le même scénario qui se présente, il ne faut pas s'attendre à des ruées de spectateurs et il n'y a pas de quoi pavoiser. D'autant que la routine use l'intérêt de la population en quête de nouvelles découvertes dépassant les classiques célébrations rabâchées et reconduites sur la scène depuis des lustres.En définitive, les mécanismes culturels à Constantine patinent quand il s'agit de socialiser les arts et de les rendre encore plus attrayants. Les projecteurs illuminent le chef-lieu de wilaya au grand dam des localités qui souffrent du désert culturel, si l'on exceptait les quelques feux de paille conjoncturels, voire exceptionnels.