De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Le comité ou l'office de la commune serait-il sur le point de donner un autre regard à la culture à Constantine ? C'est ce qu'espèrent les citoyens en rupture avec le déjà-vu caractérisant l'activité culturelle dans cette ville… Présidé par le directeur du conservatoire de Constantine, M. Blikaz, ce comité, fraîchement installé, demeure en attente du document administratif pour entamer son œuvre. «Nous avons tracé des perspectives pour sortir la ville des sentiers battus», devait nous dire d'emblée ce responsable, indiquant que «l'objectif étant de faire découvrir d'autres talents loin des figures déjà existantes et de diffuser l'animation culturelle loin des lieux centrés. Pour ce faire, il importe d'impliquer et de faire participer la population».Sous un autre angle, le président estime qu'il est grand temps de faire sortir la capitale de l'Est de sa léthargie. «On veut que Constantine soit en activité culturelle à longueur d'année», promet-il. Pour pouvoir réaliser cette nouvelle stratégie, qui, pour rappel, aura été prônée par le chef de l'exécutif il y a plus d'une année, l'office a fait appel aux réalisateurs Ali Aïssaoui et Mohamed Hazourli. Ce recours aux professionnels de la caméra garantira assurément un zoom maximal pour toucher les zones les plus reculées de la circonscription.Il va sans dire que, même si cet office travaille en solo pour concrétiser ses propres initiatives et perspectives parmi lesquelles «les Nuits des solistes (instrumentistes)», «les Journées du rire» et «le Printemps théâtral», cette équipe est confortée en parallèle au travail entrepris par la nouvelle direction de la culture qui annonçait en grande pompe «la métamorphose». Quoi qu'il en soit, les deux organismes en sont à leurs débuts. Aussi faudra-t-il patienter pour tirer des conclusions sur le nouveau panorama culturel à Constantine. Mais on peut déjà souligner qu'il ne suffit pas de placarder des pancartes et d'afficher des intentions pour faire revivre la culture. La promotion et l'intéressement du public devraient être des objectifs primaires sinon ce ne sera qu'un énième coup d'épée dans l'eau, et l'office comme la direction de la culture ne seront que des inscriptions en lettres capitales qui ne feraient aucunement booster les arts… la déculturation fera dès lors de vieux jours.Sur un autre chapitre, il faudrait bannir l'exclusion et accorder leur chance à tous les compétiteurs. Il suffit parfois d'une scène, d'un espace culturel, pour voir émerger un nouveau talent. Et cela se concrétise souvent loin des sphères officielles si ces dernières repoussent les initiatives ou plutôt ne croient pas aux capacités et aux talents des jeunes engagés dans les arts. Mais dans les deux cas, la présence d'un cadre d'évaluation comme les jurys est plus que requise pour jalonner le chemin à cette frange qui, bien encadrée et formée, pourra constituer une relève de qualité capable d'offrir des prestations de qualité. Il ne suffit pas de peaufiner des programmes et de les dispatcher à tout-va à travers des municipalités, des quartiers et des banlieues pour voir la culture se diffuser. Un suivi de l'impact de la prestation devrait accompagner l'initiative. Pourtant, cette donne n'est pas souvent assurée. On lève le rideau et on tourne le dos une fois les officiels, qui auront inauguré tel salon ou telle manifestation prétendument de proximité, partis. C'est devenu un comportement qui tient quasiment du réflexe, notamment dans les espaces excentrés du chef-lieu.La culture de proximité souffrira tant que les autorités locales ne lui accordent pas une importance similaire à celle des festivals institutionnalisés dont les retombées ne sont pas toujours payantes, en dépit des budgets colossaux qui leur sont accordés. Un théâtre au printemps, un mois du patrimoine, une nouvelle initiative du cinérama… mais que propose-t-on dans les 10 mois restants pour remplir les salles ? Presque rien, si l'on excepte quelques timides essais. Les pouvoirs publics ont pris le pli de l'exécution du planning sans étude préalable. «Nous souhaitons la présence d'un esprit de compétitivité culturelle dans les différents coins artistiques de la wilaya afin d'y instaurer la notion de socialisation», espère un artiste. Toutefois, ce rêve n'est pas encore devenu réalité. On se demande même s'il est présent dans la tête des acteurs locaux. L'office remplirait-il son rôle et assurerait-il la socialisation de la culture ? La direction de la culture parviendra-t-elle à concrétiser le plan d'action promis par son directeur ? Deux questions dont on attend les réponses et deux défis qui sont relevés mais dont on ne connaît pas encore l'issue…