Photo : Riad Par Abdelghani Aïchoun Les problèmes qu'a connus la scène footballistique nationale, ces derniers mois, peuvent déjà renseigner sur les conclusions qu'en tireront les uns et les autres. L'association des présidents de club, regroupant les représentants des équipes des Ligues 1 et 2, dont l'objectif est de défendre les intérêts des clubs professionnels, a tenu plusieurs réunions depuis sa création, il y a près de deux mois. Mercredi dernier, les membres de l'association ont réitéré leurs menaces de boycotter la prochaine journée du championnat national. Ils s'entretiendront à ce sujet mercredi prochain. Le problème de fond est lié à la non-concrétisation des aides promises par l'Etat, à savoir une assiette de terrain pour la construction d'un centre de formation, notamment, et un crédit bancaire de 100 millions de dinars. Apparemment, les membres de l'association n'ont pas été «convaincus», du moins quelques-uns d'entre eux, par la réunion qu'ils ont tenue, mercredi dernier, durant la matinée, avec des représentants du ministère de la Jeunesse et des Sports et ceux des banques publiques. A ce titre, il est à noter que le président de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), Abderrahmane Benkhalfa, leur a indiqué que «le processus de formalisation des dossiers de crédit bancaire est ouvert et que les clubs professionnels peuvent, dès la semaine prochaine, prendre contact avec les responsables des directions centrales des banques». M. Benkhalfa a signalé que la concrétisation de cette démarche passe par «l'identification et la codification des projets sportifs des clubs avant d'être validés par le ministère de la Jeunesse et des Sports». De son côté, le directeur du sport de haut niveau au MJS, Saïd Bouamra, a déclaré que «le MJS s'engage à fournir les moyens nécessaires à la réussite du professionnalisme en Algérie, mais le crédit doit être utilisé dans le cadre d'un projet et non dans les questions liées au fonctionnement et à l'exploitation au niveau des clubs», avant d'ajouter que «les clubs qui attendent l'aide de 100 millions de dinars sont appelés à mettre en place un projet qui leur permette de construire leur propre centre de formation, et le MJS a officiellement saisi les walis pour l'attribution d'une assiette de terrain au profit de chaque club». En d'autres termes, les 100 millions de dinars ne seront aucunement octroyés pour le recrutement des joueurs par exemple. Ce qui, apparemment, n'a pas été du goût de certains présidents de club. «Nous demandons plus d'éclaircissements concernant l'octroi de ce crédit, qui demande à être concrétisé sur le terrain et avec les garanties de l'Etat. Nous voulons savoir exactement quelles sont les affectations de ce crédit, qui reste très conditionné», a déclaré le président de l'USM Annaba, Aïssa Menadi, lors de cette réunion avec les représentants des banques. Des SSPA constituées avec un capital d'un million de dinars En tout état de cause, il faut dire que si sur le plan purement administratif, les clubs de DI et DII ont, globalement, réussi à passer le cap en constituant des entreprises, ou ce qui est appelé les SSPA (société sportive par actions), il n'en demeure pas moins que, sur le terrain, le football national devra patienter encore beaucoup avant d'arriver à une véritable professionnalisation. Le manque d'infrastructures sportives et l'incapacité des clubs à générer une manne financière font que la majorité des SSPA devront dépendre encore des aides de l'Etat. Hormis l'USM Alger, qui a été rachetée par l'ETRHB, la majorité des autres équipes ont été créées avec un capital de un million de dinars. En lançant la professionnalisation, l'Etat avait décidé d'aider les clubs lors de la phase du lancement du processus. Il s'agit, entre autres, d'un crédit de 100 millions de dinars, une assiette de terrain pour la construction d'un centre de formation et d'entraînement, la prise en charge des salaires des entraîneurs des jeunes catégories, une aide au transport et quelques autres actions. Le «refus» de certains présidents de club d'ouvrir le capital de leurs SSPA fait douter certaines parties de la volonté de ces derniers à aller vers une véritable professionnalisation. Sinon, comment des clubs comme le MC Alger ou la JS Kabylie, pour ne citer que ceux-là, sont désormais des entreprises avec un capital d'un million de dinars. Si, dans certains cas, des présidents de club se sont réellement heurtés à l'hésitation des investisseurs, dans d'autres, en revanche, ce sont les dirigeants eux-mêmes qui bloquent l'ouverture du capital dans l'objectif de garder le «contrôle» sur le club. A partir de là, il serait tout à fait normal que les responsables du sport soient tentés d'attendre ou de temporiser avant d'entreprendre une quelconque action allant dans le sens de la concrétisation des aides décidées par l'Etat. Mais il est vrai que le processus devrait, tout d'abord, être enclenché. Les dirigeants des clubs algériens sont censés fournir énormément d'efforts pour réussir le passage au professionnalisme. Ils doivent surtout être animés d'une réelle volonté. Sinon, toute tentative serait vaine…