Encore une fois, les clubs de football dits professionnels ont remis sur la table leur menace de boycotter le championnat. Au-delà de l'éventualité d'un passage à l'acte, cette fois-ci, ou non, cette énième réunion de l'Association des clubs professionnels, créée il y a tout juste quelques semaines, démontre, on ne peut mieux, que le processus de professionnalisation du football national débute mal. Une première saison qui risque de connaître de forts remous à quelques semaines de sa clôture. La polémique qui a éclaté donc entre les clubs et les autorités sportives du pays au sujet des aides promises par l'Etat renseigne sur le niveau de préparation du football national pour ce processus de professionnalisation. Ainsi, il est à se poser la question maintenant si les clubs algériens étaient prêts, sur tous les plans, pour se transformer en «sociétés sportives par actions». Il est sans rappeler que quelques mois seulement après avoir lancé l'idée d'une manière concrète, les présidents de club des DI et DII étaient obligés de déposer un dossier d'entité professionnel au niveau des services de la FAF. Ceux qui ne se seraient pas soumis à ces conditions au-delà des délais imposés se verraient relégués en division nationale amateur. Les présidents de ces clubs ne se sont pas opposés. Bien au contraire. Ils se sont tous acquittés de cette tâche. En somme, 32 équipes professionnelles ont été créées, même si, pour la précision, il faut dire que la majorité d'entre elles ont un capital d'un million de dinars seulement. Parallèlement à cela, en date du 2 mai 2010, c'est-à-dire quelques semaines avant le lancement de ce processus, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, avait pris une série de mesures allant dans le sens de la professionnalisation des clubs. Il s'agit, principalement, d'un prêt de 100 millions de dinars à chacun des clubs constitués en société, avec un intérêt symbolique de 1% et une période de grâce de dix années, de la concession d'un terrain pour l'édification de leurs centres d'entraînement avec une aide à hauteur de 80% du coût de cette réalisation, de la prise en charge partielle des déplacements des clubs à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, de la rémunération des entraîneurs pour les catégories jeunes ainsi que les frais d'hébergement de ces équipes de jeunes à l'occasion de leurs déplacements pour leurs compétitions locales. C'est bien évidemment le retard mis dans la concrétisation de ces aides qui a provoqué l'ire des présidents de club. Et là, il faut préciser que ce qui motive la majorité d'entre eux c'est le prêt de 100 millions de dinars et le terrain destiné à la construction d'un centre de formation. Dans cette ordre d'idée, lors d'une réunion qui s'est tenue le 13 avril dernier, regroupant des représentants du secteur bancaire et quelques présidents de club, le président de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), Abderahmane Benkhalfa, a indiqué que «le processus de formalisation des dossiers du crédit bancaire est ouvert, et les clubs professionnels peuvent, dès la semaine prochaine, prendre contact avec les responsables des directions centrales des banques». Celui-ci a ajouté, par ailleurs, que «les clubs professionnels doivent identifier et codifier leurs projets sportifs avant d'être validés par le ministère de la Jeunesse et des Sports». «Nous demandons plus d'éclaircissements concernant l'octroi de ce crédit, qui demande à être concrétisé sur le terrain, et avec les garanties de l'Etat», a signalé sur place le président de l'USM Annaba, Aïssa Menadi, avant d'ajouter : «Nous voulons savoir exactement quelles sont les affectations de ce crédit, qui reste très conditionné». «Le MJS s'engage à fournir les moyens nécessaires à la réussite du professionnalisme en Algérie, mais le crédit doit être utilisé dans le cadre d'un projet et non dans les questions liées au fonctionnement et l'exploitation au niveau des clubs», a précisé, de son côté, Saïd Bouamra, directeur du sport de haut niveau au MJS. En fin de compte, c'est globalement la destinée de ces 100 millions de dinars qui pose problème. Si l'on comprend leur logique, bon nombre de présidents de club veulent utiliser cette somme d'argent au fonctionnement de la SSPA et pourquoi pas même au recrutement. En tout cas, il est clair que le football algérien n'était pas encore prêt pour ce processus. A moins que les uns et les autres redoublent d'effort, il n'est pas à écarter que le projet soit voué à l'échec… A. A.