De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Le wali de Bouira a juré de mener une guerre contre le commerce informel et l'exercice illégal de toute activité commerciale sur les trottoirs et aux abords des marchés de la ville de Bouira, ainsi que dans les grandes agglomérations urbaines. Avec d'autres responsables du secteur et des présidents d'APC, le wali de Bouira n'a pas manqué, en effet, et ce, à maintes reprises, de pointer du doigt le commerce informel qui foisonne et qui échappe à tout contrôle fiscal. Pour en venir à bout de ce phénomène, les pouvoirs publics ont préconisé la multiplication de marchés de proximité pour permettre aux détenteurs de registre du commerce d'exercer dans des endroits sécurisés et salubres. Mais ces responsables semblent, ces derniers jours, impuissants ou consentants face à l'ampleur de l'envahissement des artères du chef-lieu de wilaya par des dizaines de jeunes vendeurs qui se sont joints aux premiers trabendistes, après s'être dotés de chapiteaux démontables, afin de se lancer dans la vente du tabac, de l'habillement, de la parfumerie, de la confiserie et autres produits ou articles de décoration. Selon un jeune qui s'est déclaré être contraint d'exercer cette activité, pour échapper au chômage, les chapiteaux ont été achetés au prix de 5 000 DA chez un grossiste de la région. En l'espace de quelques jours, ce sont près d'une trentaine de jeunes qui se sont lancés dans ce créneau lucratif. Si certains d'entre eux se sont éparpillés à travers la ville, les plus audacieux sont allés ériger leurs chapiteaux tout le long du tronçon de la rue Gharbi-Guemraoui, jouxtant le jardin Si El-Houas et faisant face au siège de l'Assemblée populaire communale de Bouira, sans doute pour narguer les responsables locaux. Ces derniers n'arrêtent pas pourtant de déclarer n'avoir jamais autorisé de telles activités sur la voie publique. Les vendeurs, de leur côté, répliquent : «Nous avons demandé une autorisation pour nous installer ici, en vain. Mais quand nous avons installé nos tentes, personne n'est venu pour nous y déloger.» Côté administration, sa position est claire et cette situation ne peut durer, d'autant plus que les pouvoirs publics sont dotés d'organismes et de dispositifs pour lutter contre le commerce informel. Ce phénomène a également touché les commerçants dûment établis, considérant que sa multiplication va à contresens de la réglementation et menace leur gagne-pain. «Nous payons les impôts et les multiples taxes, ainsi que d'autres charges», s'insurge un commerçant de prêt-à-porter. D'autres s'interrogent sur le silence des responsables locaux devant une telle anarchie, qui estiment qu'ils peuvent, eux aussi, «enfreindre la loi». Face à cette situation, un bon nombre de commerçants exposent leurs produits sur les trottoirs, rejetant d'un revers de main les décisions prises à ce sujet. Certains n'hésitent pas à exposer leurs produits à même le sol, faisant fi de toutes les règles d'hygiène, alors que d'autres ont installé leurs tables sur la voie publique, mettant en danger les automobilistes et les piétons.