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La dépénalisation du délit de presse, une revendication portée à bout de bras par les professionnels Soulagement et souhait que les articles 86 et 87 de la loi sur l'information soient amendés
Photo : M. Hacène Synthèse de Rachida Merkouche Il était temps, diront les uns, cela a trop tardé diront les autres. La dépénalisation du délit de presse fait, depuis son annonce par le président de la République, l'objet de débats dans certains cercles, notamment parmi les professionnels de la presse. Les journalistes n'auront désormais plus à écrire en ayant les yeux rivés sur cette épée de Damoclès suspendue sur leur tête dix années durant. Soit depuis l'amendement en 2001 du code pénal sanctionnant le délit de presse, notamment par le biais de l'article 144 bis. Pour le professeur Brahim Brahimi, directeur général de l'Ecole nationale supérieure du journalisme et des sciences de l'information (ENSJI), l'abrogation éventuelle de l'article 144 bis du code pénal, prévoyant des peines d'emprisonnement pour le délit de presse, «vient en réponse à une revendication de l'ensemble de la famille de la presse». Il estime que cette décision est la confirmation de cette réalité qu'est la pénalisation de la presse dénoncée par les professionnels depuis son entrée en vigueur. «L'Algérie, qui était à l'avant-garde du monde arabe dans le pluralisme médiatique, se trouve actuellement à la traîne, précisément à cause de ces lois restrictives», martèle M. Brahimi qui regrette que les dispositions de la loi d'avril 1990 relative à l'information aient été gelées après l'instauration de l'état d'urgence, alors que celle-ci «a été à l'origine du pluralisme médiatique en Algérie et d'un nombre d'acquis en matière de liberté de la presse». Selon ses propos, les gouvernants «ont mis du temps, mais ont fini par répondre aux doléances des professionnels de la presse et celles des experts, lesquels ont souvent attiré l'attention sur les dangers de l'article 144 bis». De son côté, l'universitaire Ahcène Djaballah, lui aussi enseignant à l'ENSJI, relève que la volonté du président de la République de dépénaliser le délit de presse «arrive en retard», mais qu'elle sera «utile» pour l'avenir de cette profession dans notre pays. Il considère toutefois que le premier magistrat du pays «aurait pu […] annoncer clairement les nouveautés qui seront introduites dans le paysage médiatique et ce qui va changer dans la loi sur l'information». Pour l'autre universitaire et néanmoins responsable au sein de l'ENSJI, le professeur Abdeslam Benzaoui, «la décision de dépénaliser le délit de presse est importante, dans la mesure où elle va remettre le train du pluralisme médiatique en marche». Il pense toutefois que l'amendement ne doit pas se faire dans la précipitation, mais dans la sérénité. Pour Me Miloud Brahimi, la décision «est à accueillir positivement» du fait qu'elle découle d'une revendication de toute la presse nationale. Sa satisfaction ne l'a pas empêché d'éprouver des appréhensions par rapport aux délais d'application, des appréhensions motivées par «le sort […] réservé à la décision de dépénaliser l'acte de gestion, dont l'application traîne encore». L'autre inquiétude, celle du secrétaire général par intérim du Syndicat national des journalistes (SNJ), est liée au fait que le président de la République n'ait pas abordé le code de l'information dont les articles 86 et 87 - dont le SNJ souhaite l'amendement - prévoient des peines de prison pour les délits de presse. Qualifiant de «coquetterie de journalistes» la création, il y a dix ans, du Conseil de l'éthique et de la déontologie de la presse, son ancien président et ancien directeur de publication du quotidien le Soir d'Algérie estime nécessaire de déterminer les moyens d'un nouveau conseil et de fixer «clairement» ses missions et ses attributions.