Dépénaliser le délit de presse serait un gage de la bonne volonté du chef de l'Etat de garantir le respect de la liberté d'expression et de la presse. Après avoir prêté serment, le président Bouteflika s' est engagé dans son discours d'investiture à respecter la liberté de la presse et à ouvrir « pleinement » les espaces publics au débat libre et contradictoire. Cet engagement, premier du genre depuis son arrivée au pouvoir en 1999, est aux yeux de certains observateurs destiné à la consommation internationale, puisqu'il a été tenu en présence des ambassadeurs de différents pays, dont celui des Etats-Unis qui ont eu à exprimer leur « préoccupation » quant aux accusations de fraude lancées par des personnalités et des partis de l'opposition. Une thèse à l'évidence simplissime. Mais les faits sont têtus. Et il convient de les rappeler. C'est durant ces dix dernières années que les acquis de la presse, arrachés grâce aux longues luttes et lourds sacrifices de la corporation, ont été anéantis. L'Algérie a fait un impressionnant bond en arrière en termes de liberté de la presse. Le cas le plus illustratif reste la pénalisation du délit de presse instituée depuis l'amendement du code pénal en 2001. Depuis, le journaliste, pour ses écrits, risque une peine allant d'une année à trois ans de prison. Il suffit qu'une personne (physique ou morale) juge que tel ou tel article est diffamatoire pour que son auteur se retrouve devant les tribunaux. D'ailleurs, nombreux sont les journalistes et responsables de journaux qui ont écopé de peines de prison. Dépénaliser le délit de presse serait un gage de bonne volonté du chef de l'Etat de garantir le respect de la liberté d'expression et de ton. Aussi, le respect de la presse passe par l'accès aux sources. Le journaliste aujourd'hui rencontre des difficultés et des entraves de tous genres pour accomplir sa mission en raison de restrictions sur l'information. L'accès aux sources est impératif si le Président veut que « les organes de presse jouent leur rôle dans la lutte contre les déviations », notamment de l'administration publique. Autre entrave qui mérite d'être soulignée, c'est le refus de l'Etat, ces dernières années, d'agréer des journaux appartenant à des professionnels de la presse connus pour leur libre ton. Cela alors qu'on accorde l'agrément à d'autres personnes qui n'ont jamais exercé le métier de leur vie. Il y a également l'impression qui demeure un moyen de pression entre les mains du pouvoir. La réalité est bien plus amère lorsque l'on regarde les conditions dans lesquelles évoluent les journalistes et leur statut qui n'est pas respecté. Ces problèmes et difficultés sont bien connus. « Faciliter l'exercice et le développement de la profession » nécessite leur prise en charge rapide et efficace. Pour le chef de l'Etat, chose promise est-elle chose due ? Son engagement est-il sincère ? Le 3 mai est pour bientôt. Une date qui semble être opportune pour l'annonce de « changements » en faveur de la liberté de la presse. Si volonté il y a.