L'Algérie a lancé, cette saison, le Championnat professionnel de football. Etant à sa première saison, beaucoup de problèmes ont surgi en cours de route. Les présidents des clubs des divisions Une et Deux ont lancé, la semaine dernière, leur seconde menace de boycott du Championnat, avant de se rétracter. Si, administrativement, les 32 clubs qui composent les deux divisions ont créé leurs SSPA (Société sportive par actions), il n'en demeure pas moins que rien n'indique, pour l'instant, que le football national va se professionnaliser.Il est vrai que pour une telle entreprise, beaucoup de temps et d'efforts sont requis. Mais de l'avis de plus d'un, l'énorme retard qu'a enregistré le sport national a fait que la mission risque d'être extrêmement difficile. Les problèmes sont multiples. A l'absence de formation et au manque de l'infrastructure sportive s'ajoute le flou qui entoure la visibilité en termes de stratégie du développement du sport en Algérie.Si la professionnalisation du football a été, au départ, bien accueillie par les spécialistes et les observateurs du sport roi, les dirigeants des autres disciplines ont exprimé la crainte de voir leurs disciplines marginalisées davantage. En tout cas, le constat est le même depuis plusieurs années déjà. D'une manière générale, le sport algérien va mal. Hormis le handisport, habitué à honorer l'Algérie de belle manière, à travers ses participations aux différentes manifestations internationales, pour le reste, ce sont des résultats en dents de scie. Même si, quelquefois, comme ce fut le cas lors de la précédente édition des jeux Olympiques, avec les médailles d'argent et de bronze des judokas Amar Benykhlef et Soraya Haddad, des disciplines arrivent à briller, il n'y a pas de continuité. Il est vrai que ces dernières années, la prise en charge des sportifs de haut niveau est meilleure. Ces derniers se plaignent de moins en moins des moyens mis à leur disposition. Mais c'est l'absence de la «relève» qui fait qu'une discipline donnée disparaît de la scène sportive dès que l'athlète en question entame sa courbe descendante et décide de mettre un terme à sa carrière. Il faut attendre quelques années encore avant de voir apparaître un autre athlète de haut niveau.En somme, tous cela renseigne sur l'absence de formation et d'un travail continu au sein des fédérations et, par extension, des clubs. Du rôle et de l'utilité des DTN, DJS L'absence d'une stratégie nationale claire pour le développement du sport a amené certaines fédérations sportives à ne gérer que la compétition sans aucun objectif en termes de formation des cadres dirigeants, des techniciens ou des sportifs eux-mêmes. Pis, dans bien des cas, l'incompétence de certains responsables a encore aggravé la situation. Si le «désengagement» de l'Etat en ce qui est du sport de proximité – le nombre des clubs sportifs au sein des communes a énormément baissé au point où des localités ne maintiennent que les équipes de football – a fortement nui au développement du sport, le fonctionnement et la gestion de la majorité des fédérations ont rendu pratiquement toute tentative de relance de la discipline inefficace. Le mal est profond et dans bien des cas, il n'y a même pas une volonté d'aller de l'avant. Il n'y a qu'à voir les composantes des différentes directions techniques nationales des fédérations, censées élaborer les stratégies de développement des disciplines concernées. Loin de nous l'idée de remettre en cause les compétences des uns et des autres, il faut dire que la lourde mission dont sont chargées les DTN exige des staffs étoffés. Chaque fédération est censée tirer le meilleur de ses éléments, en l'occurrence les diplômés en la matière et les anciens sportifs. Etablir une stratégie de développement d'une discipline ne peut aucunement se faire avec un personnel réduit. Les conflits de postes et de privilèges font que beaucoup de compétences sont écartées. Dans des cas, figurer sur une liste d'une délégation pour un déplacement à l'étranger est un enjeu des plus importants pour certains. En somme, les milliers de cadres qui sont formés annuellement dans le domaine du sport ne sont pas utilisés comme il se doit. La situation est telle que d'aucuns s'interrogent même sur l'impact des anciens ISTS sur le développement du sport actuellement. Pour y remédier, un tant soit peu, les plus hautes autorités du pays avaient décidé, dans le cadre des mesures prises afin d'encourager la professionnalisation du football, de prendre en charge les salaires des entraîneurs des jeunes catégories. Mais cela ne concerne que le football. Le reste des disciplines n'est pas touché par cette mesure. Il n'est un secret pour personne, l'incapacité des uns et des autres à donner un second souffle au sport national est liée, entre autres, à l'absence de formation et d'encadrement au niveau local et des jeunes catégories. Une situation qui ira en s'aggravant si les instances nationales du sport ne se penchent pas sérieusement sur la question. Les DTN au sein de beaucoup de fédérations sont réduites au rôle de figurantes alors que les DJS (Direction de la jeunesse et des sports) n'ont généralement aucun impact sur l'activité sportive locale. A moins d'un sursaut généralisé, les clubs algériens continueront à ne produire des sportifs de haut niveau qu'occasionnellement. A. A.