De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Les mauvaises conditions climatiques qui prévalent à Oran depuis deux jours n'ont pas découragé une foule nombreuse pour venir assister dimanche au cimetière de Aïn El Beïda à l'enterrement d'Ahmed Kerroumi, enseignant universitaire et militant des droits de l'Homme. Plusieurs dizaines d'amis, proches, collègues, anciens élèves de lycée ou étudiants - toujours sous le choc de cette mort - sont venus de plusieurs régions du pays pour rendre un dernier hommage à l'infatigable pédagogue et défenseur acharné des droits de l'Homme depuis plus d'un demi-siècle. Sa vie, consacrée à son prochain, a été brutalement interrompue dans des conditions très obscures qui ne permettent pas de conclure au meurtre crapuleux, au règlement de comptes ou encore à l'assassinat politique, thèses qui agitent les esprits affligés de l'entourage du défunt. Beaucoup de zones d'ombre entourent cette affaire, depuis le mardi 19 avril, lorsque Ahmed Kerroumi a disparu sans laisser de traces, jusqu'à samedi dernier, où il a été retrouvé mort. Pourquoi a-t-il disparu aussi brusquement, lui qui avait la réputation d'être organisé ? Où est-il parti pendant ces cinq jours ? Avec qui avait-il rendez-vous juste avant de s'évanouir dans la nature ce mardi à 12 heures ? Pourquoi ne répondait-il pas au téléphone ? A-t-il été victime d'un enlèvement ? Pourquoi n'a-t-il pas donné signe de vie ? Autant de questions sur lesquelles la police judiciaire doit travailler pour résoudre cette douloureuse affaire : «Nous restons mobilisés et vigilants pour que les institutions républicaines concernées exercent toutes leurs responsabilités jusqu'à ce que la lumière soit faite sur la perte d'Ahmed Kerroumi. Il s'agit de la crédibilité de ces institutions républicaines», avait déclaré le fédéral du MDS, juste après la macabre découverte. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que la porte du local du MDS - dans lequel le corps inanimé d'Ahmed Kerroumi a été découvert en milieu de matinée de samedi - n'a pas été fracturée, qu'il n'y avait aucune odeur de décomposition (selon les témoins qui étaient sur place) et que le véhicule neuf du défunt n'a pas encore été retrouvé. Selon des proches de la famille Kerroumi, l'autopsie a été achevée dans la matinée d'hier mais aucune information officielle n'est venue lever le voile sur les circonstances du décès : «Pour l'instant, les enquêteurs se refusent au moindre commentaire mais j'espère qu'on en saura un peu plus très prochainement. Il est très difficile pour la famille du défunt de rester dans l'ignorance», a indiqué hier l'un des proches amis du défunt. Ceci étant, une source proche du dossier a confirmé hier que le corps du défunt présentait des traces de violence qui laissent penser que «la mort n'est pas naturelle» mais «en aucun cas de blessures dues à des coups de couteau comme la rumeur a pu le colporter.»