Photo : Riad Par Younès Djama La Coordination nationale autonome des étudiants (CNAE) s'est félicitée hier de la «réussite» de la marche de lundi dernier malgré «un dispositif policier immense». La coordination, par la voix de ses délégués, a dénoncé ce qu'elle appelle «une véritable chasse à l'étudiant» et fait part de nombreuses «interpellations, intimidations et pressions sur des étudiants au niveau des universités». Neuf délégués représentant autant d'universités, notamment celles de Tizi Ouzou et Béjaïa, ont organisé un point de presse, hier à Alger, au cours duquel ils sont revenus sur la marche empêchée de lundi dernier en raison d'un dispositif policier «impressionnant». «Nous avons bravé l'interdiction des marches à Alger et avons réussi à tenir, faute d'une marche, un rassemblement de plusieurs dizaines d'étudiants devant la Faculté centrale [rebaptisée Université d'Alger I, ndlr]. Compte tenu du dispositif policier important, nous considérons comme réussi ce énième coup de force qui en appellera à d'autres dans les prochaines semaines», a déclaré un délégué de la CNAE, étudiant à l'université de Tizi Ouzou, qui signale que des étudiants ont été empêchés de rejoindre la capitale par route, tandis que ceux qui y sont parvenus «ont été bloqués au niveau de la gare routière du Caroubier». Selon son collègue de l'université de Béjaïa, les services de police auraient «tout fait pour empêcher les étudiants de sortir des cités ‘‘U'' en vue de rejoindre le mouvement». Il signale qu'au cours de cette marche, les escarmouches ayant opposé les étudiants aux forces de police ont fait 15 blessés graves, côté étudiants, dont deux victimes d'hémorragie seraient restés 4 heures dans un état comateux. On dénombre également une centaine de blessés légers. Des dizaines d'étudiants auraient, en outre, été interpellés et soumis à des contrôles poussés de la part des policiers, selon la CNAE. Saisissant cette occasion, les délégués de la CNAE ont tenu à «dénoncer énergiquement» les propos leur attribuant de prétendues accointances avec des partis politiques après que certains étudiants eurent scandé des slogans politiques contre les pouvoirs publics. «Nous tenons à préciser que la CNAE n'est sous aucune chapelle politique. Notre travail est éminemment syndical, nous ne faisons pas de la politique […], la seule politique que nous menons et revendiquons est celle qui défend les droits et intérêts des étudiants», ont souligné les délégués, ajoutant que toutes les actions initiées par la CNAE «émanent des assemblées générales au niveau des universités».Interrogés sur les actions que la CNAE compte organiser, d'autant que la tutelle «est restée muette» à leurs revendications, les délégués ont affirmé qu'aucune action «n'a été décidée pour l'heure», soulignant qu'il appartient aux AG d'en décider la nature et la date. Y. D. Le MJIC solidaire de la CNAE Le Mouvement des jeunes indépendants pour le changement (MJIC) apporte son «soutien indéfectible» à la Coordination autonome des étudiants (CNAE). Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, le MJIC a dénoncé avec vigueur ce qu'il a qualifié de «répression aveugle» contre les étudiants et condamné «les menaces, intimidations et les pressions» exercées par les services de l'ordre sur des étudiants «dont le seul tort est de vouloir manifester pacifiquement leur désarroi face à l'état de délabrement de l'université algérienne».