Photo : Riad Par Karima Mokrani Les résidents en médecine, en pharmacie et en chirurgie dentaire ont marché hier à Alger. Une marche de près d'une heure, sous un soleil de plomb et une chaleur insoutenable, de la présidence de la République à la place du 1er-Mai. La marche n'était pas prévue. Les manifestants eux-mêmes ne croyaient pas en leur «exploit». Ils s'étonnaient surtout d'avoir mobilisé autant de policiers autour du siège de la présidence de la République, sur la rue de Pékin, mais surtout à la place du 1er-Mai et à l'entrée supérieure de l'hôpital Mustapha. La circulation automobile était sérieusement perturbée.Tout a commencé à midi lorsque les résidents, rejoints par des étudiants des mêmes branches, se sont regroupés à quelques mètres du siège de la présidence de la République. Ils y avaient prévu un sit-in qui a finalement changé de lieu. «Les policiers ne nous ont pas laissé faire notre sit-in devant le siège de la Présidence. Nous sommes alors descendus, comme d'habitude, tenir notre rassemblement face au lycée Bouamama (ex-Descartes)», raconte le Dr Sid Ali Merouane du Comité autonome des médecins résidents algériens (Camra). Ce n'est pas la première fois que ces médecins se retrouvent dans cet espace. Ils tenaient leurs rassemblements dans un cadre bien organisé et sans le moindre débordement. Les policiers les laissaient faire. Cette fois-ci, les choses ont changé. Peut être à cause de leur nombre : près d'un millier de résidents criaient haut et fort leur colère contre deux ministres, celui de la Santé et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. «Y en a marre des promesses !» ; «Ould Abbès dégage, Harraoubia dégage !» ; «Jusqu'au bout, jusqu'au bout, les résidents toujours debout !» ; «Fierté, dignité, grève illimitée» ; «16ème catégorie, doctorat en pharmacie» scandaient-ils. Les manifestants y sont donc restés un bon moment mais, tout d'un coup, on tentera de les disperser à coups de bâton. Ils ne s'y attendaient guère. C'était alors le jeu du chat et de la souris, mais pas du tout amusant. «Ils nous ont traités comme des voyous. Nous sommes des gens civilisés, nous ne faisons que revendiquer nos droits. Des droits justes et légitimes», se plaint une femme résidente. Pourchassés, les manifestants se sont dispersés dans la colère et l'indignation, mais ont réussi à se regrouper à quelques mètres plus loin pour improviser une marche. Les policiers les suivaient toujours et les encerclaient avec leurs boucliers et leurs matraques. Un groupe force le cordon sécuritaire et impose la marche, sous le regard étonné des passants : «Des médecins qui manifestent dans la rue !». Le groupe suit sa marche jusqu'à la place du 1er-Mai où il s'est retrouvé face à un énorme dispositif sécuritaire bloquant tous les accès à la rue Hassiba-Ben-Bouali et ailleurs. Un autre groupe est également bloqué à l'entrée supérieure de l'hôpital Mustapha. Les deux groupes se sont rejoints près d'une heure après et sont entrés tous les deux à l'intérieur de l'hôpital. Les policiers ont encerclé les lieux. «Ils nous ont bastonnés, insultés, confisqué nos téléphones portables. Nous sommes traités comme des voyous», regrette le Dr Merouane. Et ce dernier de crier sa colère contre les professeurs chefs de service : «Je leur reproche le fait de s'être tus sur ce qui se passe. Ils doivent tirer la sonnette d'alarme sur cette situation de crise. Cette grève se répercute sur nous et nos patients.» La grève illimitée des résidents en médecine, en chirurgie dentaire et en pharmacie se poursuit pour la sixième semaine. Elle risque de durer longtemps encore.