La crise libyenne a tendance à prendre des proportions inextricables au fil des jours. Une véritable guerre civile s'est installée dans le pays déchiré. Et les perspectives de sortie de crise sont pour l'heure difficiles à échafauder. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé à cesser immédiatement les combats, notamment à Misrata. La troisième ville du pays, située à 200 km à l'est de Tripoli, est devenue un champ de violents combats. Les insurgés ont pris le contrôle des secteurs nord, est et ouest du site de l'aéroport de Misrata à l'issue d'âpres combats. Les forces insurgées ont récupéré 40 roquettes Grad. Les Occidentaux poussent davantage dans le sens de l'assistance du CNT. L'Union européenne a annoncé la prochaine ouverture d'un bureau à Benghazi pour aider les insurgés. L'annonce de l'UE intervient au moment où le dirigeant du CNT, Mahmoud Jibril, effectue une visite à Washington pour y rencontrer des responsables américains. A Tripoli, des explosions ont eu lieu dans l'est alors que les avions de l'Otan survolaient la ville. L'Otan a pris, fin mars, le commandement des opérations militaires en Libye lancées le 19 mars, menant en deux mois plus de 2 300 frappes. Alors que le régime libyen accuse l'Alliance atlantique d'avoir tenté à plusieurs reprises de tuer le colonel Kadhafi, l'Otan a assuré mardi dernier ne pas viser le dirigeant. Le colonel Kadhafi, qui résiste toujours à l'intervention militaire occidentale, n'est plus apparu en public depuis le 30 avril. Un bombardement a visé son complexe, Bab Al-Aziziya, où son fils cadet, âgé de 29 ans, et trois de ses petits-enfants ont péri. Les Occidentaux se défendent de vouloir éliminer le guide libyen. Une position nuancée par certains responsables européens. Un bombardement sur un bâtiment où le colonel Mouammar Kadhafi se trouverait serait justifié, a estimé le ministre italien de la Défense, Ignazio La Russa. La presse italienne se demandait si le raïs libyen était mort ou vivant, aucune image de lui n'ayant été montrée par la télévision libyenne depuis plusieurs jours. L'Italie fait partie, avec la France, des quelques pays à avoir reconnu le CNT comme représentant du peuple libyen. D'autres points du territoire libyen demeurent dans la tourmente. Dans l'Est, le front avance et recule depuis plusieurs semaines entre le carrefour routier d'Ajdabiya, 160 km au sud de Benghazi et aux mains des insurgés, et le site pétrolier de Brega, 80 km plus à l'ouest, tenu par l'armée de Kadhafi. Depuis le début de la révolte libyenne, le 15 février, les violences ont fait des milliers de morts, selon le procureur de la Cour pénale internationale, et poussé près de 750 000 personnes à fuir, selon l'ONU, qui lance un cri d'alarme au sujet de la situation humanitaire avec l'«effondrement des infrastructures» et les «pénuries généralisées». M. B.