Dans un remake de son discours de juin 2009 au Caire, avec de petits aménagements concernant les révoltes qui secouent le moyen orient et l'Afrique du Nord, le président américain Barack Obama a passé en revue le monde arabe, ses révoltes, les approches américaines de ces révoltes au cas par cas, les aides que les Etats-Unis comptent apporter aux réformes et la question cruciale de la Palestine. Dans un discours destiné au monde arabe prononcé non pas à la Maison-Blanche comme de tradition, mais au siège du département d'Etat qui, selon lui, est «le lieu adéquat pour marquer un nouveau chapitre de la diplomatie américaine», M Obama s'est prononcé, jeudi dernier, pour une large coopération des Etats-Unis avec les pays arabes qui optent pour la démocratie et de profondes réformes économiques dont l'appui américain sera, selon lui, une «priorité absolue». M. Obama a affirmé, dans ce sillage, que l'avenir des Etats-Unis était lié à celui du monde arabe «par les forces de l'économie, de la sécurité et de l'histoire».Abordant le rôle que joueront les Etats-Unis devant cette nouvelle situation dans la région, M. Obama a avancé que si l'«Amérique a, depuis des décennies, des intérêts dans les pays arabes tels que la lutte contre le terrorisme et la propagation des armes nucléaires, la liberté de commerce et la sécurité de la région», il n'en demeure pas moins, a-t-il expliqué, qu'«une stratégie fondée uniquement sur la poursuite de ces intérêts étroits ne remplit pas un estomac vide et ne permet pas aux individus de dire ce qu'ils pensent». Pour lui, il faudra élargir l'engagement entre les Etats-Unis et le monde arabe, fondé sur des intérêts et le respect mutuels, relevant l'importance de la stabilité des nations et de l'autodétermination des individus. «Le statu quo n'est plus viable», a-t-il estimé. Dans ce sens, il a souligné que les Etats-Unis soutiennent les réformes politiques et économiques engagées par des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, qui peuvent répondre aux aspirations légitimes de leurs populations.L'appui américain à ces principes serait, selon le Président américain, «une priorité absolue qui doit être traduite en actions concrètes, et soutenue par tous les moyens diplomatiques, économiques et stratégiques» dont disposent les Etats-Unis, s'est-il engagé. Avançant que dans les mois à venir, l'Amérique doit utiliser toute son «influence» pour encourager la réforme dans la région, le chef de la Maison-Blanche a soutenu que son message est simple : «Si vous prenez le risque d'engager les réformes, vous aurez le plein appui des Etats-Unis.» Pour illustrer cet engagement, il a promis un nouveau programme d'aide spécialement destiné aux pays qui s'ouvrent aux réformes politiques, et en premier lieu la Tunisie et l'Egypte. Dans le même sillage, il invitera le président syrien à mener les réformes ou à se démettre, affirmera que l'ère de Khadafi était révolue, reconnaitra le droit de la majorité chiite à Bahreïn à faire entendre sa voix et la nécessité au président Saleh d'accélérer la transition en signant l'accord proposé par les monarchies du Golfe. Concernant la question palestinienne sur laquelle il était très attendu, M. Obama, qui va se lancer dans la batille des Présidentielles en 2012, n'a pu s'avancer que sur ce que pouvait lui permettre sa condition de candidat à une élection américaine où le très puissant American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) a son mot à dire. Aussi M. Obama a-t-il tenté de ménager le chou et la chèvre. Ne perdant pas de vue le très puissant lobby juif aux Etats-Unis, il sera très prudent en choisissant les termes qui fâchent le moins les inconditionnels alliés en Israël. Il ne sera point question de plan spectaculaire. Il reconnaitra, cependant, que le statu quo ne devait plus perdurer. Dans une grande première pour un président américain, Obama dira que les frontières entre Israël et la Palestine doivent être fondées sur les lignes de 1967 de sorte que des frontières «sûres et reconnues» soient établies pour les deux Etats. Rappelant la profonde amitié qui lie son pays à l'Etat hébreu, il dira que c'est au nom de cette amitié indéfectible que les Américains souhaitent qu'Israël fasse preuve d'audace pour faire avancer une «paix durable».La proposition américaine a été immédiatement soutenue par la Grande-Bretagne. Les israéliens, comme attendu, n'ont as tardé à rejeter tout retour aux frontières de 1967. G. H.