Photo : Sahel De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar La préparation de la saison estivale n'est pas encore entamée à Béjaïa. A quelques jours seulement de l'ouverture de l'exercice 2011, la situation est toujours au point mort. Les 35 plages officiellement autorisées à la baignade (contre une quarantaine l'an dernier) sont dans un état de désolation alarmant. Les villes côtières, comme l'ensemble des communes de la wilaya, croulent sous des tonnes d'ordures ménagères en raison de la grève illimitée des travailleurs communaux qui est aujourd'hui à son quinzième jour. Les quelques actions de volontariat, organisées dans la précipitation par le mouvement associatif, n'ont pas eu de succès notable.En somme, tout reste à faire. Pourtant à la mi-avril, au cours d'une visite d'inspection dans la région, le ministre du Tourisme avait clairement dénoncé l'immobilisme des collectivités locales concernant ce volet. «Dans les autres wilayas plusieurs actions avaient été entreprises dans cette optique depuis des semaines», a-t-il tenu à faire remarquer à ses hôtes.Pour se justifier, les autorités locales évoquent, alors, le manque de ressources et des difficultés de trésorerie pour expliquer le retard enregistré en la matière. Au début du mois de mai, la wilaya avait dégagé une enveloppe financière de 8 millions de dinars au profit des huit communes côtières (Béjaïa, Tichy, Boukhelifa, Aokas, Souk El Thenine, Melbou, Tala Hamza et Beni Ksila) pour les aider à lancer les travaux nécessaires. D'ordinaire, les APC concernées commencent les préparatifs, deux mois avant le jour J qui coïncide traditionnellement avec le 1er juin. En plus de leurs personnels permanents, les communes faisaient appel à des travailleurs saisonniers pour assainir et niveler les plages, réparer les accès routiers aux criques les plus éloignées, rénover les postes de secours de la protection civile, désherber et badigeonner les abords des routes, embellir les principaux centres urbains et déployer fanions et banderoles pour souhaiter la bienvenue aux estivants. Cette fois-ci, on n'a encore rien fait de tel. Le débrayage des communaux, qui perdure dans l'indifférence générale, en est officiellement le principal alibi. Tous les présidents d'APC que nous avons contactés ressassent la même rengaine : «Les travailleurs étant en grève, que peut-on faire ?» En vérité le malaise est profond. Bien que cela soit une vocation de la wilaya, le secteur du tourisme peine à décoller. Les Zones dites d'extension touristique (ZET) sont à l'abandon. L'exemple de la ZET de Oued Agrioune à Souk El Thenine en est une parfaite illustration. En attendant l'achèvement et l'adoption des études y afférentes depuis 2004, de nombreux projets d'investissement sont depuis en stand-by. La même inertie est perceptible à travers les autres communes. L'adjudication «calamiteuse» des camps de toile éclabousse chaque année les assemblées locales, et de nombreux conflits, hérités des saisons précédentes, sont toujours en suspens. Les opérateurs et les porteurs de projets ne savent pas, au juste, à quelle porte frapper.Après un certain essor durant les années 1990 et au début des années 2000, la filière s'essouffle et éprouve visiblement beaucoup de mal à parachever son développement. Des hôtels, des complexes et des villages touristiques ont été, certes, réalisés durant cette période, mais cela reste en deçà des potentialités existantes. La qualité des prestations, les tarifs pratiqués et la restriction de l'offre n'encouragent pas les vacanciers à s'y rendre en masse pour créer un véritable marché.Avec sa multitude de sites naturels et historiques de grande valeur, ses plages qui s'étendent sur un littoral de 100 km, ses nombreuses sources thermales, ses montagnes, ses forêts, ses rivières, son artisanat et ses traditions culturelles, la région de Béjaïa peut prétendre à beaucoup plus et mieux que ça. Au jour d'aujourd'hui, la wilaya ne compte qu'une vingtaine d'hôtels balnéaires, une quarantaine d'hôtels urbains, 3 hôtels suburbains et 10 hôtels thermaux avec une capacité d'accueil globale qui frôle à peine les 18 000 lits. On est loin du compte pour parler franchement de vocation touristique. Les responsables, aussi bien au niveau de la direction locale du tourisme qu'au sein des assemblées élues, ont beaucoup de pain sur la planche pour redynamiser le secteur.Des subterfuges de type «la grève des travailleurs nous empêchent de nous préparer à bien recevoir les vacanciers» sont une insulte à la beauté de cette région hospitalière et à l'intelligence de ces habitants. Il y va de même pour les histoires colportées çà et là comme le triste combat de coqs qui a secoué récemment la station balnéaire de Tichy. Connue depuis la nuit des temps pour sa tolérance et son ouverture sur le monde, Béjaïa a toujours su recevoir correctement ses hôtes. Et cette tradition ancestrale, qui semble déranger présentement certains esprits «bien pensants», sera toujours sienne. K. A. Régression du nombre des touristes étrangers en Algérie L'Algérie est classée 4e destination touristique en Afrique, après le Maroc, la Tunisie et l'Afrique du Sud. En 2009, malgré une baisse enregistrée de 4% dans les flux touristiques due à la crise économique mondiale, l'Algérie a été épargnée et a même enregistré un taux de croissance de près de 9,45%. Les entrées aux frontières ont enregistré 2 070 496 touristes pour l'année 2010, soit une hausse de 8,32%. Les Algériens résidant à l'étranger représentent 141 509 touristes, soit une hausse considérable de 12,73%. Le nombre des étrangers, eux, est de 654 987 touristes, soit une légère baisse de 0,13% par rapport à l'année 2009. Les motifs des séjours touristiques en Algérie sont multiples. Viennent en premier lieu les loisirs et la détente avec 376 797 visiteurs, soit 57,53% du total des touristes étrangers. Une régression de 12,14% est à relever puisque le nombre des touristes étrangers en 2009 qui sont venus pour ce motif de détente était de 428 856.Pour le tourisme des affaires, 268 674 touristes, soit 41,02% du total des étrangers, ont été relevés, soit un taux de croissance de 29,12% (en 2009, ils étaient de 208 076 touristes). Il faut signaler que des baisses plus ou moins importantes de touristes en provenance d'Europe sont enregistrées. Elles représentent 14,87% influencés par la régression importante de 18,20% du nombre de touristes français.Pour ce qui est des sorties des nationaux à l'étranger, le nombre est de 1 757 471 sorties en 2010 contre 1 676 619 voyageurs en 2009, soit une hausse de 4,82%.