Le développement des PME en Algérie nécessite une stabilité de la réglementation et l'encouragement, en particulier, de l'investissement privé, affirment hier à Alger, des experts et opérateurs économiques. «Le développement des PME algériennes passe par une libéralisation effective de l'industrie et du commerce. Cela signifie accorder plus de liberté aux opérateurs privés de prendre des initiatives dans le domaine de l'investissement», a estimé le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), M. Réda Hamiani lors du «10ème Symposium international de MDI Business School». L'émergence d'une population de PME compétitives exige, par ailleurs, l'implication des organisations patronales et associations professionnelles dans l'élaboration et l'application des règles régissant l'investissement, a-t-il ajouté au cours de cette rencontre, marquée par la participation de plusieurs chefs d'entreprise et opérateurs privés. «Il est nécessaire de garantir une stabilité à ces règles pendant au moins cinq ans, afin de permettre aux entreprises de s'y adapter», a souligné M. Hamiani. Le président du FCE a estimé, d'autre part, que les importants budgets consacrés aux investissements publics au cours de ces dernières années n'ont pas atteint les résultats souhaités à savoir la construction d'une économie productive, hors hydrocarbures. Selon lui, il faut placer les PME, qui engendrent 80% des richesses hors hydrocarbure et emploient la plus grande partie de la main-d'œuvre nationale, au cœur des politiques d'investissement et de croissance. «Nous ne pouvons pas passer d'une économie de gestion de la rente à une économie de production sans développer la PME», a-t-il affirmé. Dans une déclaration à la presse en marge de cette rencontre, M. Hamiani a indiqué que les organisations patronales saisiront l'occasion de la prochaine tripartite pour exposer l'ensemble des problèmes rencontrés par les opérateurs privés en matière d'investissement, de financement et d'importation de matière première, notamment. Il a aussi invoqué l'intérêt d'intégrer progressivement les commerçants de l'informel dans le circuit régulier. ‘'Cela constituera, a-t-il dit, un levier en matière de création d'emplois et de richesses''. De son côté, un expert en entreprises, M. Boualem Aliouat, a relevé que les PME ne contribuent qu'à 21% dans la création de l'emploi en Algérie alors qu'en Europe ce taux se situe entre 60 et 80%. Les PME qui sont sensées être un acteur important dans la création de nouvelles activités économiques et commerciales, et la redynamisation de celles qui existent déjà, «ne jouent pas pleinement ce rôle en Algérie», a-t-il estimé. M. Aliouat a mis en garde, toutefois, contre la «dévalorisation» des efforts consentis par les pouvoirs publics pour encourager le développement des entreprises publiques et privées en Algérie. «C'est une grosse erreur de faire fi de tout ce qui a été réalisé pour l'amélioration de l'environnement des entreprises algériennes et pour leur développement par l'Etat», a-t-il estimé. Un représentant du ministère de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement a donné, quant à lui, un aperçu des politiques publiques pour le développement des PME et de l'industrie en Algérie. Il évoqué, dans ce contexte, l'élaboration d'une politique publique visant la création de 200.000 PME, soit 3 millions d'emplois, à l'horizon 2014, le lancement en janvier dernier d'un programme de mise à niveau au profit 20.000 PME, et la création depuis trois ans d'un prix pour encourager l'innovation dans le milieu entrepreneurial. Ce symposium, qui s'étale sur deux jours, a été placé cette année sous le slogan : «Développement des PME : pour une meilleure compétitivité des territoires et des secteurs en Algérie».