Les autorités palestiniennes demanderont en septembre leur reconnaissance comme Etat-membre des Nations unies. Le processus allant dans le sens du rendez-vous est enclenché. Sous la pression des manifestations à Ghaza et en Cisjordanie, le Fatah et le Hamas ont convenu au Caire de former un gouvernement «provisoire» jusqu'aux élections présidentielle et législatives d'ici un an. mbarrassés, les Etats-Unis, alliés indéfectibles de l'occupant israélien, ont timidement salué ce retour à l'unité palestinienne. L'Etat hébreu l'a fermement condamné, suspendant par la même occasion le versement des taxes douanières dues aux Palestiniens. Mais Hamas et Fatah ont désormais le regard tourné, non pas vers Washington, mais vers New York, et œuvrent à la proclamation d'un Etat palestinien à l'Assemblée générale de l'ONU, à l'automne 2011, selon le plan originel du Premier ministre Salam Fayyadh. Israël a déjà annoncé des représailles en cas de proclamation et les Etats-Unis ont mis en garde les Palestiniens contre «toute mesure unilatérale». Ces dernières semaines, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a enchaîné les visites à l'étranger pour tenter de convaincre les chefs d'Etat de soutenir le projet. Plusieurs Etats d'Amérique latine ont déjà reconnu l'Etat palestinien. Première condition essentielle de cette proclamation : le retour de l'unité palestinienne. Elle est désormais effective. Les Palestiniens sont décidés à aller vers les Nations unies. «Surtout depuis que Netanyahu a recouru au prétexte éculé des nécessaires frontières défendables pour continuer de voler notre terre, contrôler la vallée du Jourdain et modifier la démographie», clament-ils. Une majorité d'Etats devraient soutenir la requête palestinienne à l'Assemblée générale. Mais la déclaration de reconnaissance devrait ensuite être approuvée par le Conseil de sécurité, où les Etats-Unis disposent du sacro-saint droit de veto. Le président américain a, certes, entériné l'idée d'un Etat palestinien sur les frontières de 1967. Mais il a déconseillé aux Palestiniens d'isoler Israël à l'ONU. «Les actes symboliques destinés à isoler Israël aux Nations unies en septembre ne créeront pas un Etat indépendant», dira-t-il. Il n'est donc pas sûr que les Palestiniens attendent grand-chose d'un président américain qui semble résolu à leur faire obstacle à l'ONU en septembre. En février, Washington avait déjà bloqué une motion soumise au Conseil de sécurité qui proclamait le caractère illégal des implantations juives en Cisjordanie. Les quatorze autres membres du Conseil ayant voté en faveur de ce texte. Israël connaît les limites d'un président américain fortement sous l'effet de l'influence des lobbys juifs. Dans sa réponse à Obama, Netanyahu a rappelé les engagements écrits de son prédécesseur, George W. Bush, suggérant en 2004 qu'Israël puisse conserver de larges blocs d'implantations dans le contexte d'un éventuel accord de paix. A 18 mois de l'élection présidentielle américaine, Obama sait que chaque phrase, chaque acte de défiance envers l'Etat hébreu pourrait lui être fatal pour la suite de sa carrière politique. Malgré un préjugé favorable au début de son élection, le bilan de son action au Proche-Orient reste mitigé. Symbole de cet échec permanent, l'envoyé spécial au Proche-Orient, George Mitchell. L'émissaire américain a jeté l'éponge après avoir multiplié les voyages et médiations ces deux dernières années. Sans aucun succès. Incidences politiques Pour Washington, les négociations de paix devraient se baser sur le tracé des frontières telles qu'elles étaient en 1967. Cet accord comporterait par ailleurs des échanges de territoires, une formule répondant aux demandes palestiniennes mais rejetée par Netanyahu. Israël rejette l'appel du président américain à la création d'un Etat palestinien même démilitarisé sur les territoires palestiniens occupés depuis juin 1967. Netanyahu a exclu aussitôt tout «retrait aux lignes de 1967». Il a exprimé l'espoir qu'Obama «réaffirmerait des engagements» américains de 2004 qu'Israël «n'aurait pas à se retirer aux lignes indéfendables de juin 1967». En parallèle avec le discours d'Obama et réitérant sa politique du fait accompli, un feu vert a été donné jeudi à la construction de 1 520 nouveaux logements dans deux quartiers de colonisation juive à El Qods occupée. Face au groupe de lobbys pro-israélien AIPAC, Obama s'est empressé d'évoquer les liens forts unissant les Etats-Unis et Israël. Indéniablement, la création d'un Etat palestinien avec le soutien de l'Assemblée générale aura des incidences tangibles. Israël sera considéré comme occupant un autre Etat. La proclamation devant l'Assemblée générale sera une décision politique qui aura des incidences juridiques. Même si, sur le terrain, il est difficile de croire à une évolution palpable. En attendant, l'accord Fatah-Hamas devrait être matérialisé en gouvernement provisoire. Ce dernier accompagnera la transition nationale chargée, en conformité avec les accords d'Oslo, de préparer les futures élections législatives et présidentielle où Fatah, Hamas et autres factions feront campagne sous occupation et sous blocus israéliens. Pour les sceptiques, la proclamation de septembre prochain n'aura d'autre effet que de reconnaître, selon le droit international, le renoncement du peuple palestinien à plus de 75% de ses terres spoliées par Israël en 1948. La proclamation n'impliquera aucune obligation de la part d'Israël mais lui assurera, en droit international, que plus de 75% des terres déjà spoliées aux Palestiniens ne leur seront jamais rétrocédées. Pour les 20 ou 25% des terres restantes, rien ne sera réglé et tout sera sujet à d'autres interminables et éternelles «négociations». M. B.