Huit ans après le séisme dévastateur de Boumerdès (21 mai 2013), l'Algérie n'a toujours pas de stratégie de prévention du risque sismique et des catastrophes naturelles. C'est le cri d'alarme de nombreux experts, dont Abdelkrim Chelghoum, professeur en numérique et génie parasismique et président du Club des risques majeurs. Il intervenait, lundi dernier, lors d'une rencontre organisée au forum d'El Moudjahid, sur la sécurité des grands projets, ouvrages d'art, sites industriels, barrages…Le débat lancé sur ce sujet d'actualité entre les spécialistes et les professionnels du domaine ainsi que les représentants d'institutions publiques, dont le ministère de l'Habitat, a été pour le moins houleux. Entre le discours officiel et la réalité du terrain, il y a tout un monde. M. Chelghoum dira qu'il est «regrettable de constater que huit ans après le tremblement de terre Boumerdès, l'Algérie n'a pas tiré les enseignements qu'il faut de cette catastrophe». «Il y a eu, certes, une modification de la réglementation relative à la construction parasismique, mais, concrètement, aucune mesure à même d'assurer une fiabilité des grands projets réalisés en zone sismique n'a été prise», déplore-t-il. Le spécialiste a également mis l'accent sur l'intérêt de revoir la cartographie de la sismicité pour la compléter et rectifier les erreurs. L'orateur a rappelé que la région nord de l'Algérie est particulièrement exposée aux tremblements de terre, d'où la nécessité prégnante de mettre en place une stratégie cohérente et claire en matière de prévention et gestion des risques majeurs en général et du risque sismique en particulier. D'autant que l'analyse des édifices frappés par le séisme de Boumerdès a clairement révélé que l'essentiel des dégâts était dû à la mauvaise conception des constructions et celle de la qualité des matériaux utilisés.Le non respect des normes parasismique continue d'ailleurs d'être décrié. De grands projets immobiliers sont construit sans respect des normes parasismiques et sans la réalisation d'études des sols. A. B.