Photo : Sahel Par Amirouche Yazid Même si le président du Forum des chefs d'entreprises, M. Réda Hamiani, s'est fortement investi pour défendre un environnement plus favorable à l'entreprise nationale, le premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, ne compte pas reculer sur les mesures prises par son gouvernement. Ahmed Ouyahia a défendu la règle 51-49 tout en reconnaissant que le climat des affaires dans le pays a besoin d'être amélioré. Dans son exposé inaugural de la 14ème tripartite, qui se déroule depuis hier à Djenane El Mithak et dédiée aux questions économiques, le premier ministre a esquissé une réunion qui n'accouchera pas de décisions notables. La participation au Forum des chefs d'entreprises, pour la première fois à ce rendez-vous, risque visiblement de rester au stade de la forme. Le fait que la concertation soit exclusivement consacrée à l'entreprise et la promotion du climat de l'investissement n'annonce pas une nouvelle ère pour les entreprises. Les remarques et autres suggestions, formulées dernièrement au sujet du climat des affaires en Algérie- qualifiées parfois de contre-productives ne feront pas changer au gouvernement Ouyahia ses orientations. Dans son intervention d'ouverture des travaux de la tripartite, le premier ministre a évoqué plusieurs questions ayant fait l'objet de critiques de la part des opérateurs. Pour lui, la Loi de finances complémentaire 2009 a favorisé l'investissement et la règle 51/49 a été admise par les partenaires étrangers. «Il a souvent été dit que la Loi de Finances complémentaire 2009 a introduit des mesures contraignantes pour l'investissement alors que cette législation veut donner une chance au capital national et à l'entreprise algérienne chez eux en Algérie. Au demeurant, la règle dite du 51/49 dans l'investissement a été en fait admise par nos partenaires comme en témoignent les importants projets conclus ou en cours avec de grandes entreprises occidentales», a noté Ahmed Ouyahia.Au sujet de la LFC 2009, le premier ministre a lâché, à l'occasion, une brèche d'amendement. Il a soutenu que «lorsqu'il s'agit de questions concernant l'entreprise algérienne, les dispositions de la loi de finances complémentaire 2009 ne sont ni des clauses sacrées, ni des barrières infranchissables». Ahmed Ouyahia a ainsi invité ses partenaires de la tripartite à discuter de la question autour de laquelle, Réda Hamiani, parle d'un «usage excessif» de la LFC 2009. Ce dernier réclame, par ailleurs «la restitution de la vocation principale de la LFC».Entouré de ses ministres (Benmeradi, Benbada, Benaissa, Djoudi, Moussa, Louh), le premier ministre est revenu sur la mesure portant obligation légale de soumettre tout projet d'investissement national de plus de 500 millions DA ou tout projet mixte à un examen préalable du Conseil de l'investissement. Aux critiques émises à ce sujet, Ouyahia a voulu apporter son correctif. Il dira, à cet effet, que «le passage devant le Conseil national de l'investissement des projets entrant dans les catégories évoquées est uniquement destiné à veiller au respect des normes légales». Toujours par rapport à l'investissement, le premier ministre a nié tout blocage de projet. «Aucun projet d'investissement privé national de plus de 500 millions DA, ni aucun projet d'investissement mixte n'est en attente du feu verts du Conseil national de l'investissement», a-t-il déclaré. Pour étayer son propos, Ouyahia a annoncé qu'«au 23 mai courant, il y a exactement 87 dossiers de ce genre en instance a niveau de l'Agence nationale de l'investissement (ANDI) car il leur manque tous une pièce, ou un élément parmi les pièces et éléments exigés par la loi. Les listes de ces 87 dossiers sont disponibles».Ahmed Ouyahia a abordé également la fraude économique. Il a invité «les partenaires économiques à apporter leur concours dans la lutte contre la fraude économique au bénéfice des entreprises, de leurs adhérents, mais aussi au bénéfice de l'économie nationale».La 14ème tripartite a été aussi l'occasion pour le Premier ministre d'appeler les opérateurs économiques à davantage de coopération afin d'améliorer le climat des affaires, sur la base des critères identifiés par la Banque mondiale. «La Banque mondiale, dont le jugement fait autorité dans son domaine, nous classe à la 136ème position sur 183 pays en ce qui concerne le climat des affaires. Cela exige une amélioration sérieuse que nous souhaitons réaliser ensemble», estime le Premier ministre. A. Y. Plus de 1 000 milliards DA d'investissement hors hydrocarbures en 14 mois Ahmed Ouyahia, a déclaré, hier, que plus de 1 000 milliards de DA ont été concrétisés depuis janvier 2010 dans les investissements d'entreprises publiques et privées de secteurs divers et hors hydrocarbures. Pour M. Ahmed Ouyahia, cela explique, le taux de croissance hors hydrocarbures de 6% réalisé durant l'exercice 2010. Autre annonce d'Ouyahia : les investissements mixtes associant des entreprises algériennes publiques ou privées et des entreprises étrangères, ont connu, sur 14 mois, 120 milliards DA répartis sur 28 opérations. A. Y. Le gouvernement étudiera les besoins d'«aménager et de corriger» sa démarche économique Tout en écartant un recul du gouvernement sur certaines mesures économiques, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a indiqué hier en marge de la tripartie que le gouvernement est disposé à «évaluer correctement» les besoins exprimés par ses partenaires socio-économiques, lors de la tripartite. «Il ne s'agit pas de reculer, mais d'évaluer correctement les choses pour voir s'il y a un besoin d'aménager ou de corriger certaines démarches.»