Photo : M. Hacène Par Wafia Sifouane Au 7ème soir du festival national du théâtre professionnel, force est de constater que cet événement n'est toujours pas sorti de l'espace confiné dans lequel on l'a enfermé. Pourtant, lors de la conférence de presse qui avait précédé son ouverture, les organisateurs ont clairement exprimé leur volonté d'élargir les horizons du festival en investissant les rues d'Alger, et que la scène du théâtre ne soit plus les planches seulement mais aussi le macadam, que le FNTP soit le festival de la ville et non plus un festival dans la ville.Pour ce faire, ils ont décidé «d'enrichir» le programme du FNTP par une activité en open space qui sera baptisée «les arts de la parole». Les spectacles programmés dans cette section devraient donc se tenir dans des espaces publics ouverts…au public. Mais c'est finalement en bas du bâtiment du théâtre, sur l'esplanade bouclée par des barrières, que se tiendront les spectacles censés populariser les arts en général et le théâtre en particulier.Au confinement de l'art, s'ajoutera le manque d'imagination des programmateurs et la déliquescence de la qualité du programme. Pour l'exemple, on citera la programmation de la pièce Café Romana qui s'est invitée trois soirs de suite sur cette même esplanade pour trois représentations en français, arabe et amazigh. Evidemment, le public est constitué majoritairement par les festivaliers, les barrières faisant effet de repoussoir. Aussi, les habitants du quartier ne peuvent-ils que se sentir exclus de l'espace et de la manifestation. Ce n'est certainement pas ainsi qu'on réussira la socialisation de l'art.Et pour boucler la boucle, on se retrouve avec un programme bâclé qui fait plus penser au bricolage et à l'improvisation de dernière minute qu'à une véritable réflexion et maturation d'un projet, avec des objectifs et un suivi quant à l'impact et le feed-back. Sinon comment pourrait-on expliquer la programmation, lundi dernier, d'un concert de freestyle sur une esplanade qui devait être la scène des arts de la parole ? Quel rapport cela a-t-il avec la «philosophie» de cette section ? On déplorera également la non implication de l'environnement direct du FNTP dans cette grand-messe du théâtre. Les organisateurs, en plus de lever ces satanées barrières d'exclusion, auraient pu «impliquer» cafés, restaurants et autres lieux conviviaux du quartier susceptibles d'abriter des activités et représentations populaires ou même assurer la restauration des festivaliers, contre des bons que le bureau du festival délivrera. Ça se fait partout, il suffit de formaliser ce partenariat avec des conventions. Soulignons qu'un programme des arts de la parole nettement plus intéressant a été également élaboré pour d'autres régions du pays, une action louable, il reste à espérer que ce programme a bénéficié d'une meilleure gestion des espaces.Par ailleurs, dans un déplorable mélange des genres, le festival a décidé de procéder à une remise d'attestations de stage aux participants aux ateliers du FNTP sur la scène, avant la levée du rideau pour la représentation théâtrale en compétition. Pourquoi ? Aucune explication convaincante n'a été donnée. Qu'est ce qu'une remise d'attestations qu'on aurait pu organiser autour d'une collation dans le hall ou sur l'esplanade a à voir avec le festival, la compétition et le spectacle ? Pourquoi imposer au public, qui s'est déplacé pour voir une pièce théâtrale, une cérémonie qui ne l'intéresse aucunement ?Cerise sur le gâteau (si on peut parler de «cerise» et de «gâteau» pour illustrer le comble de la désorganisation) : hier, coup sur coup, on a annulé la représentation du théâtre de Guelma dans le In et celle de la France dans le Off.Autant de couacs, bricolages et ratages interpellent les organisateurs du festival et tous les responsables qui devraient sérieusement revoir leur copie.