Dans un domaine aussi sensible que celui de la santé publique, la responsabilité des pouvoirs publics pour protéger le consommateur contre des produits alimentaires malsains, gâtés, mal étiquetés ou falsifiés est avérée. Le manque d'hygiène et le non-respect de la chaîne de froid favorisent souvent les intoxications alimentaires qui augmentent de façon particulière durant l'été. Avec l'arrivée des grandes chaleurs, les risques de contamination des aliments par des bactéries se multiplient. Selon les données du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière, entre 3 000 et 5 000 cas d'intoxications alimentaires sont enregistrés annuellement.Les toxi-infections alimentaires sont des maladies liées à la consommation de produits contaminés par des germes nocifs. Elles sont dues soit à des micro-organismes ou des toxines contenues dans les aliments. Les risques de ces toxi-infections alimentaires sont liés à la préparation des produits alimentaires ainsi qu'à leur conservation et leur entreposage. D'autres infections sont dues à des parasites contenus dans les viandes ou le poisson : ténia, trichinose, toxoplasmose, brucellose. Ces parasitoses sont provoquées par la consommation de viande et de poisson insuffisamment cuits, et pour la brucellose par du lait contaminé. Les viandes et les oeufs sont souvent les principaux mis en cause. Même les fromages et les produits laitiers ne sont pas épargnés. Quant aux fruits et légumes, aliments santé par excellence, ils peuvent, eux aussi, porter des germes, d'où l'importance de les laver soigneusement à grande eau, recommandent les professionnels de la santé. La bactérie tueuse (E. Coli) a d'ailleurs relancé le débat sur l'intérêt de l'hygiène et de la sécurité alimentaire. Mais alors que le débat fait rage en Europe et dans le monde, chez nous, le consommateur se retrouve livré à lui-même. L'absence, maintes fois décriée, des associations de protection du consommateur ne fait que compliquer la situation. Pourtant, ce ne sont pas les scandales alimentaires qui manquent. Le dernier en date, l'affaire des 17 écoliers de Bordj Bou Arréridj, victimes d'une intoxication alimentaire causée par une «transmission manuportée de microbes», selon les conclusions de deux laboratoires d'analyses, à Sétif et Bordj Bou Arreridj. Face à la fragilité du système de contrôle des produits alimentaires, l'Algérie est-elle à l'abri de l'épidémie de la bactérie E.Coli ? Le ministère de l'Agriculture, Rachid Benaïssa, s'est voulu récemment «rassurant» en affirmant que «l'Algérie reste vigilante face à l'épidémie provoquée par la bactérie mortelle», ajoutant qu'«aucun problème n'a été signalé chez nous pour le moment». Il avait même ajouté que l'Algérie suit de très près ce qui se passe en Europe, précisant que «chaque produit alimentaire importé ne peut entrer sur le marché algérien qu'avec une dérogation sanitaire et doit subir un contrôle phytosanitaire adéquat». Une chose est sûre, cependant, les aliments que nous mangeons inspirent de moins en moins confiance ! C'est le cas, notamment, des aliments de large consommation étalés à même les trottoirs, exposés au soleil et à la poussière. Le plus souvent la chaîne de froid n'est pas respectée. Le manque d'hygiène est omniprésent. Notons qu'entre 160 000 et 170 000 infractions d'ordre alimentaire sont enregistrées annuellement dont 71% relatives au non-respect des conditions d'hygiène, que ce soit lors de la présentation des produits alimentaires ou dans les restaurants et les fast-foods. La lutte contre les intoxications alimentaires nécessite une coordination entre les différents secteurs, notamment celui du commerce et de la santé. Ce qui est loin d'être le cas. A. B.