De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur L'ultimatum donné aux employés recrutés dans le cadre des «5 heures», au niveau de l'hôpital (EPH) de Sebdou, a expiré. Au nombre de 42, sans salaires depuis 7 mois, ces derniers prévoyaient d'entamer une grève de la faim, seul recours pour crier leur exaspération. Alerté, le directeur de la santé de Tlemcen, M. Lalama, a dépêché en urgence une commission d'enquête pour tirer au clair cette situation. Sur les lieux, ces employés, tous pères de famille, ont été rassurés, mais jusqu'à quand ? Puisque leur situation est bloquée au niveau du secteur des finances. En présence de la commission, de nombreux problèmes ont été soulevés. Problèmes qui maintiennent l'hôpital dans l'œil du cyclone. L'institution, qui est pourtant bien encadrée par un personnel qualifié, souffre du manque d'équipements. Un bloc opératoire complètement refait non opérationnel, suite à la panne d'une petite pièce maîtresse. Le hic, c'est qu'un important budget a été alloué pour aménager ce bloc. Une pince chirurgicale endommagée lors de manipulations a obligé les responsables à reporter les interventions chirurgicales programmées. Pourtant, le directeur de la santé, qui est derrière la réussite de la réforme, avec la réalisation de nombreux projets, au point où Tlemcen est devenue une wilaya modèle à l'échelle nationale, a souvent mis l'accent sur la nécessité de garantir une approche plus cohérente et plus efficace des politiques de santé menées sur un territoire et permettre une plus grande fluidité du parcours de soins et ce, pour répondre aux besoins des patients. A travers la wilaya, il est important de souligner, et ce n'est un secret pour personne, que seul l'EPS de Sebdou se trouve au dernier wagon de cette réforme. Au sein de cette institution les oreilles sont sourdes, et le bricolage fait partie du décor de la gestion. Cet établissement hospitalier, auquel on a accordé un important budget de fonctionnement estimé à plus de 60 millions de dinars, est incapable de doter en équipements le service ORL. Le pavillon de l'ophtalmologie, où 3 spécialistes exercent dans des conditions difficiles, ne dispose pas d'un microscope chirurgical. Aussi le nombre des auscultés est-il limité. Pour nous en assurer, nous nous sommes présentés dans ce service, jeudi dernier, et nous avons demandé un rendez-vous. Il nous a été accordé pour le 29 juin prochain. Ici le médecin travaille à peine 4 heures tous les trois jours !!! Par ailleurs, le laboratoire se trouve toujours sans réactifs, et la pharmacie est à court de médicaments… quant à la vitrine de l'hôpital, à savoir les UMC, c'est une autre histoire. Au niveau de cet hôpital, les signes d'une crise sont manifestes, malgré les nombreuses inspections, dont la commission de jeudi dernier, qui ont relevé les carences. Dans les couloirs, bon nombre de paramédicaux n'ont pas manqué de saisir La Tribune pour dénoncer une réalité vécue, en tirant à boulets rouges sur le directeur, qu'on dit incapable de gérer, du fait que les ordres et les directives sont dictés par des subalternes. «Ce que nous demandons, diront certains, c'est la nomination d'un nouveau directeur apte à prendre les choses en mains.» «Notre problème, est un problème d'homme», ont-ils martelé. «Tous les hôpitaux à Tlemcen voient leur situation s'améliorer, à part le nôtre qui est envahi par des moustiques. Regardez, tous les murs sont noirs de ces insectes en cette période estivale. Descendez au sous-sol, c'est une zone humide à cause des rejets des eaux usées de l'hôpital…», nous lance-t-on. S'ajoute à cela l'exposition du personnel médical aux maladies nosocomiales. Autre entrave, le manque de sous-directeurs nommés par décisions officielles pour les responsabiliser, à l'heure où les ressources humaines (RH) font l'objet de recherches et débats, étant donné que les RH sont les piliers de l'entreprise. Au niveau de cet EPS, la colère est palpable et deux coupables sont désignés : en premier lieu, la direction qui, selon bon nombre de personnes, ne fait pas tout ce qui est en son pouvoir pour améliorer la situation, et secundo la DRH au niveau du ministère de la Santé qui n'arrive pas encore à nommer quelqu'un pour redresser la situation avant qu'il ne soit trop tard… En attendant, l'EPH se meurt.